Æternitas -  Nathalie Thomas-Verney

Æternitas (eBook)

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2024 | 1. Auflage
676 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-49442-2 (ISBN)
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Nous vivons une époque de ténèbres et de lumières ; une époque où la frontière entre le Bien et le Mal est si ténue, si fragile, que le souffle du venet pourrait bien l'effacer.

Née à Montereau Fault Yonne, Nathalie Thomas Verney a toujours été passionnée par la littérature et par l'histoire.

ESQUIEU DE MAURIGNAN


Mars 1291, Saint-Jean d’Acre, l’une des dernières villes de Terre Sainte, s’éveillait. Le soleil printanier n’étant pas aussi brûlant que celui de l’été, il faisait bon flâner dans les petites ruelles étroites. Les marchands sortaient leurs étals tandis que les badauds commençaient leurs va-et-vient incessants entre le port et les quartiers commerciaux de la cité : vénitiens, pisans, génois, toutes les grandes républiques du commerce étaient présentes entre les murs d’Acre. Sous un ciel bleu sans nuage, les hautes tours de la citadelle templière semblaient défier le temps et les hommes. Ses solides remparts étaient imprenables disait-on, comme ceux de la ville.

Au sein de leur église, chevaliers et sergents étaient en prière face à leur frère chapelain qui disait la messe de prime. Le petit sanctuaire ne pouvait contenir tous les templiers de la citadelle mais le spectacle de ces hommes agenouillés, têtes baissées, vêtus de leurs chasubles12 blanches pour les chevaliers, noires pour les sergents et les écuyers, flanquées de la croix de l’ordre au cœur sans distinction de rang, revêtait un caractère sacré, intemporel.

Ici, aucune arme, aucun heaume n’était accepté. Ici, le soldat faisait place au religieux. Ici, le Templier devenait le serviteur de Dieu, prêt au sacrifice de sa vie pour Lui.

À droite de l’autel, un homme priait avec ferveur. Les cheveux rasés, le visage carré, une mâchoire et des pommettes anguleuses, la barbe arrondie au niveau du menton, rien ne le différenciait des autres. Il ne semblait pas entendre les paroles du chapelain. Son esprit restait préoccupé par une missive reçue la veille : un simple parchemin mais annonciateur d’une mauvaise nouvelle.

Guillaume de Beaujeu avait été élu Maître du Temple en 1273. Déjà à cette époque, le royaume de Jérusalem ne se réduisait qu’à quelques villes portuaires et à une poignée de forteresses templières et hospitalières. Il savait que l’Europe, en proie à ses propres conflits, se désintéressait de la Terre Sainte et n’interviendrait pas dans le cas d’une guerre. Les états croisés glissaient vers l’agonie.

Guillaume était une sorte de roi sans couronne d’un ordre puissant qui parvenait à tenir les Musulmans en respect. Or, un nouveau sultan venu d’Égypte bouleversait cette paix fragile. Ce dernier n’avait pas caché son désir de reprendre les hostilités mais une trêve de dix ans, signée l’année précédente entre son père, le sultan Al-Mansûr Sayf ad-Din Qala’ûn al-Alfi et Henri II, roi de Chypre et de Jérusalem, retenait son sabre. Il ne pouvait pas trahir l’engagement de son père. Si le spectre de la guerre revenait aujourd’hui, c’était bien par la faute des occidentaux.

En fin d’hiver, des pèlerins non-combattants arrivés d’Italie « pleins de bonne volonté », voulaient reprendre Jérusalem. C’était leur seul but. Guillaume, méfiant, leur avait imposé une interdiction formelle de quitter Acre. Hélas, emportés par leur passion, ils avaient massacré des paysans Arabes venus en ville vendre leur production puis avaient envahi les boutiques, égorgeant les marchands supposés Musulmans.

Les coupables arrêtés, Guillaume avait demandé à ce que l’on envoie leurs têtes en Égypte. Mais les consuls de la ville s’y étaient opposés, persuadés que des excuses suffiraient à calmer le nouveau sultan Al-Achraf Salâh ad-Din Khalîl ben Quala’ûn. C’était mal le connaître.

La réaction de Khalîl ne se fit pas attendre. Le Maître du Temple avait reçu en réponse une lettre sans équivoque :« Le sultan des sultans, le roi des rois, le seigneur des seigneurs, Malik AlAshraf ; le Puissant, le Redouté, le Châtieur des rebelles, le Chasseur des Francs, des Tartares et des Arméniens, l’Arracheur des châteaux aux mains des mécréants… à vous, le Maître, noble Maître du Temple, le véritable et le sage, salut et notre bonne volonté. Parce que vous avez été un homme véritable, nous vous mandons lettres de notre volonté, et nous vous faisons assavoir que nous venons en vos parties pour amender les torts faits, pour quoi nous ne voulons point que la communauté d’Acre, nous mande lettres ni présents, car nous ne les recevrons point. »13.

Pour Guillaume, c’était une déclaration de guerre en bonne et due forme. Cependant, les consuls ne l’entendirent pas ainsi et ils envoyèrent des ambassadeurs au Caire, que le sultan fit jeter en prison.

Aujourd’hui, le temps n’était plus aux discussions, aux tergiversions, aux alternatives. Il fallait éviter la guerre à n’importe quel prix car Guillaume en connaissait l’issue. Le souvenir de la prise de Tripoli, deux années auparavant, et des massacres qui s’étaient ensuivis, hantaient toujours ses rêves.

Dans l’église, des chants s’élevèrent, le sortant de ses pensées. Son regard se posa sur ses hommes. Les Templiers avaient déjà tant versé de sang pour une cause vouée à disparaître. Quel Dieu pouvait demander davantage à ces hommes ?

Il attendit la fin de l’office puis se leva promptement. D’un pas rapide, il rejoignit son appartement dans l’une des tours de la citadelle. Là, il fit mander Pierre de Sevry, Maréchal du Temple, Jean de Villiers, Maître de l’Ordre des Hospitaliers et Konrad von Feuchtwangen, Maître de l’Ordre des Teutoniques.

Si les différents ordres religieux de Terre Sainte ne s’entendaient pas en temps ordinaire, aujourd’hui Guillaume savait qu’ils devaient se lier les uns avec les autres pour faire face aux sombres heures qui se profilaient.

Il fit quelques pas vers la fenêtre qui ouvrait sur l’océan puis ferma les yeux. Le soleil jouait des ombres sur les plis de sa longue chasuble blanche flanquée d’une croix rouge. Sa main se posa spontanément sur celle-ci, ce symbole de la passion du Christ dont la couleur lui rappelait tout le sang versé par son ordre monastique et militaire.

Son esprit le ramena deux ans en arrière. Avril 1289, la chute et la destruction de la ville de Tripoli par les Musulmans avaient ébranlé tout le royaume de Jérusalem, ou du moins ce qu’il en restait. Un homme avait tenté de les avertir ; un homme avait voulu leur ouvrir les yeux ; un homme aurait peut-être pu éviter les massacres, mais personne ne l’avait écouté. Avec arrogance, les occidentaux avaient dédaigné sa demande de négociations avec le sultan de l’époque, Qala’ûn. La suite n’avait été qu’une multitude d’erreurs conduisant à la chute de Tripoli, et à la mort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Depuis ce jour, Guillaume de Beaujeu et Esquieu de Maurignan ne s’étaient plus revus.

Roger de Larchant, l’ami, le confident de Guillaume, entra, le tirant de ses souvenirs :

— Maître, le frère Pierre de Sevry est arrivé.

— Bien, qu’il entre. Et les sieurs de Villiers et von Feuchtwangen ?

— Nous n’avons pas de réponse.

— Ils viendront, Roger, ils n’auront pas d’autre choix. Nous attendrons, voilà tout.

Roger de Larchant referma la lourde porte derrière lui et Guillaume alla s’asseoir à son grand bureau. Il saisit un parchemin, son encrier et sa plume. Il devait trouver les mots justes pour convaincre le seul homme capable de faire entendre raison au sultan, peut-être même de négocier une nouvelle paix. Il écrivit à son vieil ami, Esquieu de Maurignan, comte de Castellac.

La nef, solide navire à coque ronde avec ses deux mats à grandes voiles, avait quitté le port de Gênes depuis plusieurs semaines. La navigation était lente bien qu’il ne transportât que la moitié de sa cargaison. Vu du rivage, ce bateau ressemblait à une forteresse ou à une ville flottante. D’un mouvement nonchalant mais imperturbable, il offrait une traversée sûre pour plusieurs centaines de personnes désirant se rendre en Terre Sainte. Mais, depuis quelques temps, les pèlerins se faisaient de plus en plus rares, et le capitaine Arnaldo Cumano avait dû se tourner vers le commerce entre l’Orient et l’Occident, plus lucratif. Cependant, la concurrence était rude entre les bâtiments génois, pisans et surtout...

Erscheint lt. Verlag 30.4.2024
Sprache französisch
Themenwelt Literatur Romane / Erzählungen
ISBN-10 2-322-49442-9 / 2322494429
ISBN-13 978-2-322-49442-2 / 9782322494422
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