Henri IV (eBook)

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2015
46 Seiten
Booklassic (Verlag)
978-963-524-614-4 (ISBN)

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Henri IV - Luigi Pirandello
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Ce drame en trois actes explore le thème de la folie et se déroule sur une journée. Il met en scène un personnage (jamais nommé) qui se prend pour l'empereur Henri IV du Saint-Empire depuis une chute de cheval survenue vingt ans auparavant. À l'instigation de son neveu le Comte de Nolli, son entourage se prête à sa folie et joue la cour de l'empereur. Lorsque la pièce commence, la soeur du personnage central, mourante, a fait venir un dernier docteur pour tenter de soigner son frère. Le docteur est accompagné de Frida, la fiancée de Nolli, de Matilda, la mère de Frida, ancien amour du personnage central, et de Belcredi, vieil ami du personnage central et amant de Matilda. L'intrigue se développe entre les scènes de cour, où chacun s'efforce de jouer plus ou moins bien son rôle, et les interrogations des personnages «sains d'esprit»...

ACTE PREMIER


Le salon d’une villa aménagé de façon à représenter ce que pouvait être la salle du trône du palais impérial de Goslar, au temps d’Henri IV. Mais, tranchant sur le mobilier ancien, deux tableaux modernes, deux portraits de grandeur naturelle, se détachent sur le mur du fond, placés à peu de hauteur du parquet, au-dessus d’un entablement de bois sculpté qui court le long du mur, large et saillant, de façon à ce qu’on puisse s’y asseoir comme sur une banquette. L’un de ces tableaux est à droite, l’autre à gauche du trône, qui interrompt l’entablement au milieu du mur, pour y insérer le siège impérial sous son baldaquin bas. Les deux tableaux représentent l’un, un homme, l’autre, une femme, jeunes, chacun revêtu d’un travesti de carnaval : l’homme est déguisé en Henri IV, la femme en Mathilde de Toscane. Portes à droite et à gauche.

Au lever du rideau, deux hommes d’armes, comme surpris en faute, bondissent de l’entablement où ils étaient étendus et vont s’immobiliser de part et d’autre du trône, avec leurs hallebardes. Peu après, par la seconde porte à droite entrent : Ariald, Landolf, Ordulf et Berthold, jeunes gens payés par le marquis Carlo di Molli pour jouer le rôle de « conseillers secrets », seigneurs appartenant à la petite noblesse et appelés à la cour de Henri IV. Ils revêtent le costume des chevaliers du XIe siècle. Le dernier, Berthold, de son vrai nom Fino, prend son service pour la première fois. Ses trois camarades lui donnent des détails tout en se moquant de lui. La scène sera jouée avec un grand brio.

LANDOLF, à Berthold, poursuivant ses explications. – Et maintenant, voilà la salle du trône !

ARIALD. – À Goslar !

ORDULF. – Ou, si tu préfères, au château du Hartz !

ARIALD. – Ou encore, à Worms.

LANDOLF. – C’est selon l’épisode que nous représentons… La salle se déplace avec nous.

ORDULF. – De Saxe en Lombardie.

ARIALD. – Et de Lombardie…

LANDOLF. – Sur le Rhin !

UN DES HOMMES D’ARMES, sans bouger remuant seulement les lèvres. – Psst ! Psst !

ARIALD, se retournant à cet appel. – Qu’est-ce qu’il y a ?

PREMIER HOMME D’ARMES, toujours immobile comme une statue, à mi-voix. – Il entre ou non ?

Il fait allusion à Henri IV.

ORDULF. – Non, non, il dort ; prenez vos aises.

DEUXIÈME HOMME D’ARMES, quittant sa position en même temps que le premier et allant de nouveau s’étendre sur l’entablement. – Eh, bon Dieu ! vous auriez pu le dire tout de suite !

PREMIER HOMME D’ARMES, s’approchant d’Ariald. – S’il vous plaît, vous n’auriez pas une allumette ?

LANDOLF. – Hé là ! pas de pipes ici !

PREMIER HOMME D’ARMES, tandis qu’Ariald lui tend une allumette enflammée. – Non, non, je vais fumer une cigarette…

Il allume et va s’étendre à son tour, en fumant, sur l’entablement.

BERTHOLD, qui observe la scène d’un air stupéfait et perplexe, promène son regard autour de la salle, puis, examinant son costume et celui de ses camarades. – Mais pardon… cette salle… ces costumes… de quel Henri IV s’agit-il ? Je ne m’y retrouve pas du tout… D’Henri IV de France ou d’un autre ?

À cette question, Landolf, Ariald et Ordulf éclatent d’un rire bruyant.

LANDOLF, riant toujours et montrant du doigt Berthold à ses camarades, qui continuent à rire, comme pour les inviter à se moquer encore de lui. – Henri IV de France !

ORDULF, de même. – Il croyait que c’était celui de France !

ARIALD. – C’est d’Henri IV d’Allemagne qu’il s’agit, mon cher… Dynastie des Saliens !

ORDULF. – Le grand empereur tragique !

LANDOLF. – L’homme de Canossa ! Nous menons ici, jour après jour, la plus impitoyable des guerres, entre l’État et l’Église, comprends-tu ?

ORDULF. – L’Empire contre la Papauté ! As-tu compris ?

ARIALD. – Les antipapes contre les papes !

LANDOLF. – Les rois contre les antirois !

ORDULF. – Et guerre au Saxon !

ARIALD. – Et guerre à tous les princes rebelles !

LANDOLF. – Guerre aux fils de l’Empereur eux-mêmes !

BERTHOLD, sous cette avalanche, plongeant sa tête dans ses mains. – J’ai compris ! J’ai compris ! Voilà pourquoi je ne m’y retrouvais plus du tout, quand vous m’avez donné ce costume et m’avez fait entrer dans cette salle ! Je me disais aussi : ce ne sont pourtant pas des costumes du XVIe siècle !

ARIALD. – Il n’y a pas plus de XVIe siècle que sur ma main !

ORDULF. – Nous sommes ici entre l’an 1000 et l’an 1100 !

LANDOLF. – Tu peux calculer toi-même : c’est aujourd’hui le 25 janvier 1071, nous sommes devant Canossa…

BERTHOLD, de plus en plus affolé. – Mais alors, bon Dieu ! je suis fichu !

ORDULF. – Ah ! ça… Si tu te croyais à la cour de France !

BERTHOLD. – Toute ma préparation historique…

LANDOLF. – Nous sommes, mon cher, plus âgés de quatre cents ans ! Tu nous fais l’effet d’un enfant au maillot !

BERTHOLD, en colère. – Mais, sapristi, on aurait pu me dire qu’il s’agissait d’Henri IV d’Allemagne et non pas d’Henri IV de France ! Dans les quinze jours qu’on m’a donnés pour ma préparation, j’ai peut-être lu cent bouquins !

ARIALD. – Mais pardon, ne savais-tu pas que ce pauvre Tito représentait ici Adalbert de Brême ?

BERTHOLD. – Qu’est-ce que tu me chantes avec ton Adalbert ? Je ne savais rien du tout !

LANDOLF. – Écoute : voici comment les choses se sont passées : après la mort de Tito, le petit marquis di Nolli…

BERTHOLD. – Précisément, c’est la faute du marquis ! C’était à lui de me prévenir !…

ARIALD. – Mais il te croyait sans doute au courant !…

LANDOLF. – Eh bien, voici : il ne voulait pas remplacer Tito. Nous restions trois, le marquis trouvait que c’était suffisant. Mais Lui a commencé à crier : « Adalbert a été chassé ! » Ce pauvre Tito, comprends-tu, il ne le croyait pas mort. Il s’imaginait que les évêques de Cologne et de Mayence, les rivaux de l’évêque Adalbert, l’avaient chassé de sa cour.

BERTHOLD, se prenant la tête à deux mains. – Mais je ne sais pas le premier mot de toute cette histoire, moi !

ORDULF. – Eh bien, alors, mon pauvre, te voilà frais !

ARIALD. – Le malheur, c’est que nous ne savons pas nous-mêmes qui tu es !

BERTHOLD. – Vous ne savez pas quel rôle je dois jouer ?

ORDULF. – Hum ! Le rôle de « Berthold ».

BERTHOLD. – Mais Berthold, qui est-ce ? Pourquoi Berthold ?

LANDOLF, – Est-ce qu’on sait ! Il s’est mis à crier : « Ils m’ont chassé Adalbert ! Alors qu’on m’amène Berthold ! Je veux Berthold ! »

ARIALD. – Nous nous sommes regardés tous les trois dans les yeux : qui diable était ce Berthold ?

ORDULF. – Voilà, mon cher, comment tu as été transformé en Berthold.

LANDOLF. – Tu vas jouer ce rôle à ravir !

BERTHOLD, révolté et faisant mine de s’en aller. – Oh ! mais je ne le jouerai pas ! Merci beaucoup ! Je m’en vais ! Je m’en vais !

ARIALD, le retenant, aidé d’Ordulf, en riant. – Allons, calme-toi, calme-toi !

ORDULF. – Tu ne seras pas le Berthold stupide de la fable.

LANDOLF. – Tranquillise-toi : nous ne savons pas plus que toi qui nous sommes. Voici Hérold, voilà Ordulf, moi, je suis Landolf… Il nous a donné ces noms… Nous en avons pris l’habitude, mais qui sommes-nous ? Ce sont des noms de l’époque… Berthold doit être aussi un nom de l’époque. Seul, le pauvre Tito jouait un rôle vraiment historique, celui de l’évêque de Brême. Et on aurait dit pour de bon un évêque ! Il était magnifique, ce pauvre Tito !

ARIALD. – Dame ! il avait pu étudier son rôle dans les livres, lui !

LANDOLF. – Il donnait des ordres à tout le monde, même à Sa Majesté : il tranchait de tout, il s’érigeait en mentor et en grand conseiller. Nous sommes aussi « des conseillers secrets », mais… c’est pour faire nombre. L’histoire dit qu’Henri IV était détesté par la haute aristocratie, parce qu’il s’était entouré de jeunes gens de la petite noblesse.

ORDULF. – La petite noblesse, c’est nous.

LANDOLF. – Oui, nous sommes les petits vassaux du roi : dévoués, un peu dissolus, boute-en-train surtout…

BERTHOLD. – Il faudra aussi que je sois boute-en-train ?

LANDOLF. – Mais oui, comme nous !

ORDULF. – Et je te préviens que ce n’est pas facile !

LANDOLF. – Mais quel dommage ! Tu vois, le cadre est parfait : nous pourrions, avec ces costumes, figurer dans un de ces drames historiques qui ont tant de succès aujourd’hui au théâtre. Et ce n’est pas la matière qui fait défaut. L’histoire d’Henri IV ne...

Erscheint lt. Verlag 22.6.2015
Sprache französisch
Themenwelt Literatur Lyrik / Dramatik Dramatik / Theater
ISBN-10 963-524-614-5 / 9635246145
ISBN-13 978-963-524-614-4 / 9789635246144
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