L''Art roman (eBook)
101 Seiten
Parkstone International (Verlag)
978-1-78525-941-8 (ISBN)
Terme entré dans l’usage courant au cours de la première moitié du XIXe siècle, l’art roman distingue, en histoire de l’art, la période qui s’étend entre le début du XIe siècle jusqu’à la fin du XIIe siècle. Révélant une grande diversité d’écoles régionales, chacune démontrant ses spécificités, l’art roman, dans l’architecture comme dans la sculpture, est marqué par ses formes brutes. Par sa riche iconographie, au fil d’un texte captivant, cet ouvrage nous propose de redécouvrir cet art médiéval, encore souvent trop peu considéré face à l’art gothique qui lui succéda.
Vue du nord-est, église des Saints-Apôtres, Cologne,
premier tiers du xie siècle, parties orientales construites après 1192.
II. Les Édifices romans d’Europe centrale
L’Allemagne
Aussi variée qu’ait pu être l’expression du style roman en matière d’architecture sur le sol allemand, il se dégage trois régions en raison de la particularité marquée de leurs caractéristiques respectives : la Saxe, la Rhénanie et la Westphalie. Leurs édifices reflètent le mieux le caractère régional de leurs habitants. Typiques des Saxons, leur grand attachement à la tradition carolingienne et leur sens de la régularité rigoureuse qui s’exprime surtout dans l’alternance méthodique de piliers et colonnes portant les murs supérieurs de la nef. Dans les constructions rhénanes se reflètent le goût insouciant du beau et l’amour du faste d’un peuple plus léger. En Westphalie, l’élévation défensive de murs massifs entre les tours de la façade ouest concorde avec un sens de la simplicité et du pratique qui cherche à satisfaire rapidement un besoin immédiat, sans accorder de grande importance à la décoration, à la faveur de la stabilité des bâtiments par une construction fonctionnelle.
La Collégiale Saint-Cyriaque de Gernrode
La collégiale de Gernrode (Illustrations 1, 2), bâtie à partir de 959 dans l’actuelle Saxe-Anhalt, compte parmi les églises relativement fréquentes que préfiguraient les abbatiales carolingiennes à deux chœurs et deux transepts. Puisque les autres parties ont aussi plus ou moins conservé leur caractère original, nous pouvons estimer la hauteur atteinte par l’architecture romane en Allemagne au xe siècle, aussi bien par son ampleur intérieure que par sa monumentalité extérieure.
Son nom, l’église le doit à saint Cyriaque. Le margrave Gero, fondateur de l’église, avait, en effet, rapporté une relique de ce saint d’un pèlerinage à Rome, lors duquel le pape lui avait aussi accordé la protection de l’édifice. La collégiale a pour particularité de posséder une reconstruction du Saint-Sépulcre datant du xie siècle.
La construction d’un second chœur sur la façade ouest, faisant pendant à celui de la façade est, se retrouve chaque fois qu’une église vénère deux saints patrons. Le chœur ouest n’est pas toujours lié à un transept. Cette collégiale montre que la forme basilicale occidentale constitue aussi la base du nouveau système, bien que plusieurs fois agrandie et enrichie de nouveaux éléments. Les anciennes parties fondamentales que sont le chœur, la nef et le transept ont été conservées. Mais le chœur est régulièrement agrandi par l’aménagement, entre lui et le transept, d’un espace carré de la dimension du carré obtenu, comme nous l’avons vu, par l’intersection de la nef et du transept, c’est-à-dire de la croisée. Apparaît ainsi le plan en croix latine déjà présent dans l’abbaye de Saint-Gall, qui supplante le plan en T et perdurera pendant tout le Moyen Âge. Quand ce type d’église à deux chœurs aura acquis sa forme définitive au xiie, voire peut-être dès le xie siècle, les deux transepts auront aussi, de l’extérieur, un aspect caractéristique. Dans le cas de l’église Saint-Michel de Hildesheim, qui est la perfection même dans le genre, cette perspective est soulignée par quatre tours placées à l’avancée des frontons des transepts.
Dans la collégiale de Gernrode, la nef domine éminemment les collatéraux au-dessus desquels s’élèvent des tribunes. Reliées entre elles, à l’origine, par une galerie sur la face ouest, les tribunes étaient probablement destinées aux religieuses qui, vivant à l’écart du monde séculier, pouvaient, de là, assister à la messe. Les arcades de la nef sont portées alternativement par des piliers et des colonnes. Ce style d’architecture a probablement été réalisé pour la première fois dans la crypte de l’église Saint-Wipert.
Vue du chevet, église Sainte-Marie-du-Capitole, Cologne, 1049-1065.
Vue extérieure nord-est, double chapelle Saint-Clément, Büsum, 1434-1442.
Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Georges, Bamberg,
1004-1012 (brûlée en 1087), reconstruction : 1111-xiiie siècle.
L’Église Saint-Michel de Hilsdesheim
Par la suite, cette alternance de supports s’est érigée en véritable système. Dans l’église abbatiale Saint-Michel de Hildesheim (Illustrations 1, 2, 3), par exemple, contrairement aux églises dont les murs de la nef sont portés soit par des colonnes soit par des piliers, l’alternance de piliers et de colonnes a certainement pour seul but esthétique de souligner mieux encore la structure mûrement étudiée de l’intérieur. Les arcatures des tribunes sont aussi séparées en leur milieu par un pilier dont l’emplacement correspond au pilier inférieur. Les chapiteaux des colonnes se rapportent encore à la tradition antique dans la mesure où ils rappellent la forme et le feuillage des chapiteaux corinthiens. Les têtes et figures hybrides qui peuvent apparaître ici ou là entre les feuilles sont probablement issues de l’imagination des artisans allemands. Il en résulte, plus tard, le chapiteau roman typique qui sera, pour les artistes médiévaux, l’occasion de donner libre cours à leur inventivité. La colonne double du chapiteau cubique, à l’entrée de la crypte de Gernrode, représente une autre forme de chapiteau roman. Elle appartient à l’époque d’une restauration et transformation ultérieures de l’intérieur de l’église.
Comme il était courant dans les basiliques paléochrétiennes, la nef et les collatéraux possédaient un plafond plat en bois. Celui-ci était plus ou moins richement décoré de peintures qui suivaient habilement la division du plafond. Dans l’église Saint-Michel, ces peintures du plafond ont presque toutes totalement disparu, à l’exception de celles de la nef. Elles furent les œuvres préférées de l’évêque Bernard, grand amateur d’art et, à ses heures architecte, orfèvre et fondeur de bronze. De son église qui fut complètement détruite par un incendie provoqué par la foudre en 1034, il ne reste que quelques vestiges dont les colonnes à chapiteau cubique (colonnes extérieures droites et gauches) se distinguent nettement des splendides colonnes réalisées à l’occasion d’une restauration ultérieure.
Mais le plan reste inchangé. Il montre que les bâtisseurs du xie siècle dessinaient déjà leurs églises d’après des proportions bien équilibrées qui recèlent le secret de l’harmonie des basiliques romanes. Dans l’église Saint-Michel, la nef centrale est trois fois plus longue que large. Les trois carrés ainsi obtenus sont délimités par des piliers carrés entre lesquels s’insèrent respectivement deux colonnes. Cette alternance des supports, qui, d’ailleurs, ne s’est largement propagée qu’en Saxe à côté de la basilique à piliers, a vu apparaître ainsi sa forme la plus élaborée. Les deux transepts s’harmonisent également avec la nef centrale sur le plan des proportions, puisqu’ils se composent également de trois carrés approximativement égaux à ceux de la nef. Ces calculs, très simples en soi, étaient gardés secrets par les architectes de cette époque. Puis, le secret s’est transmis oralement de génération en génération jusqu’à l’époque gothique où tous ces secrets des ateliers des grandes cathédrales et basiliques ont été établis en règles.
Le plan de l’église Saint-Michel qui fait aujourd’hui partie du patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco est l’exemple type de l’église à double chœur du xie siècle poussé à sa plus haute perfection. L’intérieur qui, en revanche, ne fut achevé qu’en 1186 est caractéristique de la richesse plastique et picturale saxonne au roman florissant. Il est, en même temps, la preuve de la productivité artistique de l’époque. L’art des sculpteurs et tailleurs de pierre et de stuc ne consistait pas seulement à orner les chapiteaux des colonnes de feuillages et de personnages. Ils recouvraient aussi de graciles ornements les tailloirs des chapiteaux et les archivoltes. L’arc est bordé d’une frise ornementale d’où dépassent, dans le collatéral sud, les têtes de huit personnages féminins incarnant les huit béatitudes qui débordent sur les tailloirs.
À ces sculptures s’est ajouté tout un système pictural. Comme la polychromie des édifices de la Grèce antique, ces peintures s’étendaient aussi bien sur les parties nues de l’architecture que sur les sculptures. Ainsi voit-on de sobres chapiteaux cubiques peints de feuilles qui les font ressembler aux chapiteaux en calice antiques. Les fûts lisses des colonnes étaient soit recouverts de peinture monochrome soit marbrés de plusieurs couleurs ou entourés de spirales colorées. S’ajoutèrent à cela les personnages des plafonds et des murs.
Vue du nord-ouest, cathédrale Saint-Georges, Limbourg, 1200-1235.
...Erscheint lt. Verlag | 9.3.2016 |
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Sprache | französisch |
Themenwelt | Kunst / Musik / Theater ► Kunstgeschichte / Kunststile |
Kunst / Musik / Theater ► Malerei / Plastik | |
Technik ► Architektur | |
ISBN-10 | 1-78525-941-5 / 1785259415 |
ISBN-13 | 978-1-78525-941-8 / 9781785259418 |
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Größe: 35,8 MB
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