Légendes et archives de la Bastille -  Frantz Funck-Brentano,  Victorien Sardou

Légendes et archives de la Bastille (eBook)

Avec une préface M. Victorien Sardou, de l'Académie Française
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2022 | 1. Auflage
128 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-42720-8 (ISBN)
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L'archiviste Frantz Funck-Brentano nous livre dans cet ouvrage richement documenté des éléments historiques importants basés sur les archives de la célèbre forteresse prison. En sept chapitres, nous découvrons la vie quotidienne à la Bastille mais aussi ses légendaires prisonniers comme l'Homme au Masque de fer. L'auteur nous invite aussi à un voyage avec les gens de lettres qui firent des séjours à la Bastille, avant de terminer son ouvrage sur le 14 juillet 1789, date qui transféra définitivement le nom de cette prison à la postérité.

Frantz Funck dit Frantz Funck-Brentano, né au château de Munsbach (Luxembourg) le 15 juin 1862 et mort à Montfermeil le 13 juin 1947, est un archiviste, conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal, historien et dramaturge français. Parmi ses nombreuses publications, on retiendra : La Mort de Philippe le Bel, étude historique, Paris, A. Picard, 1884 Les Archives de la Bastille. Rapport à M. l'Administrateur de la Bibliothèque de l'Arsenal, 1887 Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise, Nogent-le-Rotrou, Imprimerie de Daupeley-Gouverneur, 1888 Introduction et notes au Traicté d'économie politique d'Antoine de Montchrétien (1615), 1889 Documents pour servir à l'histoire des relations de la France avec l'Angleterre et l'Allemagne sous le règne de Philippe le Bel, études critiques, 1889 Les Archives de la Bastille : La formation du dépôt, 1890 L'Homme au masque de velours noir dit Le Masque de fer, Paris, 1894 Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de l'Arsenal, 1894 Les Lettres de cachet en blanc, 1895 Les Origines de la guerre de Cent Ans, Philippe le Bel en Flandre, 1896, Paris, Honoré Champion (thèse présentée à la faculté des lettres de Paris) Légendes et archives de la Bastille, Paris, Hachette, 1898, prix Thérouanne de l'Académie française en 1899 Le Drame des poisons, études sur la société du xviie siècle et la cour de Louis XIV, Paris, Hachette, 1899 La Prise de la Bastille (1789, 14 juillet), Paris, Fontemoing, 1899 L'Affaire du collier, Paris, Hachette, 1901 La Mort de la reine, les suites de l'affaire du collier, Paris, Hachette, 1901 Les Lettres de cachet à Paris : étude, suivie d'une liste des prisonniers de la Bastille (1659-1789), Paris, Imprimerie nationale, 1903 La Bastille des comédiens : le For l'Évêque, Paris, Fontemoing, 1903 Les Brigands, 1904, Paris, Hachette Mandrin, 1904, Paris, Hachette Mandrin, capitaine général des contrebandiers de France, 1908, prix Thérouanne de l'Académie française Mandrin et les contrebandiers : mémoires inédits, Paris, Fayard, S. d. Restif de la Bretonne, professeur d'histoire à Moulins, 1911 Rosette (en collaboration avec André de Lorde), Librairie Plon, 1912 L'Île-Saint-Louis et l'Arsenal, 1925 L'Île de la Tortue, La Renaissance du Livre, 1929, rééd. librairie Jules Tallandier, 1979. La Bibliothèque de l'Arsenal, avec Paul Deslandes, 1930 L'Hôpital de Bicêtre, 1938 Les Origines de l'Histoire de France, Paris, Hachette Les Nouvellistes, avec Paul d'Estrée, Paris, Hachette

I. — LES ARCHIVES1.


La Bastille, écrivait Sainte-Foix, est un château qui, sans être fort, est un des plus redoutables de l'Europe, et dont je ne dirai rien. — Il est plus sûr, répétait-on dans Paris, de s'en taire que d'en parler.

A l'extrémité de la rue Saint-Antoine, à l'entrée du faubourg, apparaissaient les huit tours hautes, sombres, massives, plongeant leurs pieds moussus dans des flaques d'eau boueuse. De place en place, elles étaient percées de fenêtres étroites, barrées de fer. Le sommet était crénelé. Non loin du tarais, le quartier riche et joyeux, auprès du faubourg Saint-Antoine, le quartier industriel et tout bourdonnant, la Bastille morne, chargée de silence, faisait contraste.

Dans ses Nuits de Paris, Restif de la Bretonne traduit l'impression commune : C'était un épouvantail que cette Bastille redoutée, sur laquelle, en allant chaque soir dans la rue Saint-Gilles, je n'osais jeter les yeux.

Les tours avaient un air de mystère dur et triste, et le gouvernement du roi les entourait de mystère. A la tombée du jour, les persiennes baissées, un fiacre passait les ponts-levis, et, de temps à autre, dans la nuit noire, des enterrements, vagues ombres que la lueur d'une torche faisait vaciller aux murailles, sortaient silencieusement. Combien en avait-on revu de ceux qui étaient entrés là2 ?

Et si, par hasard, on rencontrait un ancien prisonnier, à la première question, il répondait qu'en sortant il avait signé la promesse de ne rien révéler de ce qu'il avait vu. Cet ancien prisonnier n'avait d'ailleurs jamais vu grand'chose. Un silence absolu était imposé aux gardiens. On ne s'explique point en ce lieu-là, écrit Mme de Staal, et tous les gens qui vous abordent ont une physionomie si resserrée qu'on ne s'avise pas de leur faire la moindre question. — Le premier article de leur code, dit Linguet, c'est le mystère impénétrable qui enveloppe toutes leurs opérations3.

On sait comment se forment les légendes. Tantôt on les voit éclore comme les fleurs qui brillent sous l'éclat du soleil, on les voit éclore sous l'éclat radieux qui illumine la vie des héros. L'homme, déjà, est descendu dans la tombe, la légende survit ; elle traverse les temps, traçant un sillon de météore ; grandit, s'élargit, devient plus éclatante, plus étincelante : Thémistocle, Léonidas, Alexandre, César, Charlemagne, Napoléon.

Ou bien, au contraire, la légende naît dans les coins écartés, couverts d'ombre et de silence. Là des hommes ont passé et ils ont dû souffrir. Leurs plaintes se sont fait entendre dans une solitude étroite, et les seules oreilles qui les ont recueillies étaient plus dures que les murs de pierre. Ces plaintes, qu'aucune âme humaine n'a entendues, l'âme populaire, vaste et sonore, les reçoit et les développe de toute sa puissance. Bientôt, dans la masse du peuple, passe un souffle d'une force irrésistible, comme la tempête qui soulève les flots mouvants. C'est la mer déchaînée ; elle déferle tumultueuse, quel effroi ! — toutes les digues sont renversées.

Dans une lettre que le major de la Bastille, Chevalier, adressait au lieutenant de police, Sartine, il parlait de tous ces propos généralement répandus sur la Bastille. Quoique très faux, disait-il4, je les crois dangereux par la répétition qui s'en fait depuis plusieurs années dans le royaume. Les conseils de Chevalier ne furent j, pas écoutés. Le mystère continua d'être de règle à la Bastille et dans tout ce qui y touchait. La douceur des mœurs et du gouvernement, écrit La Harpe, avait fait disparaître en grande partie les rigueurs inutiles. Elles subsistaient dans l'imagination du peuple, accrues et fortifiées par les contes qu'adoptent la crédulité et la haine. Bientôt parurent les Mémoires de Latude et de Linguet. Latude cachait ses torts si graves pour peindre, en traits de feu, ses longues souffrances. Linguet, avec son rare talent d'écrivain, faisait de la Bastille le plus sombre tableau ; il résumait son pamphlet dans cette phrase : Si ce n'est en enfer, peut-être, il n'y a pas de supplices qui approchent de ceux de la Bastille. En même temps, le grand Mirabeau lançait son puissant plaidoyer contre les lettres de cachet, les ordres arbitraires. Ces livres eurent un prodigieux retentissement. La Révolution éclata. La Bastille fut éventrée. Les tours noires croulèrent pierre à pierre sous la pioche des démolisseurs, et, comme si elles eussent été le piédestal de l'ancien régime, celui-ci tomba avec fracas.

Une des salles de la Bastille contenait, dans des cartons soigneusement rangés, toute l'histoire de la célèbre forteresse depuis l'aimée 1659, date où l'on avait commencé de former ce précieux dépôt d'archives. On y avait réuni les documents concernant, non seulement les prisonniers de la Bastille, mais toutes les personnes qui avaient été enfermées, ou frappées d'un ordre d'exil, ou simplement, poursuivies dans les limites de la généralité de Paris, en vertu d'une lettre de cachet.

Au dépôt de documents avaient été attachés des archivistes. Durant tout le XVIIIe siècle, ils avaient travaillé avec zèle et intelligence à la mise en ordre des pièces qui, à la veille de la Révolution, se comptaient par centaines de milliers. Le tout était dans un ordre parfait, classé et étiqueté. Le major du château, Chevalier, avait même été chargé d'écrire d'après ces textes une histoire des prisonniers.

La Bastille fut prise. Quel fut, dans le désordre, le sort des archives ? Le pillage des papiers continua pendant deux jours, écrit Dusaulx, l'un des commissaires nommés par l'Assemblée constituante pour la conservation des archives de la Bastille. Lorsque, le jeudi 16, mes collègues et moi, nous descendîmes dans l'espèce de cachot oui étaient les archives, nous trouvâmes sur les tablettes les cartons très bien rangés, mais ils étaient déjà vides. On en avait tiré, les pièces les plus importantes ; le reste était répandu sur le plancher, dispersé dans la cour et jusque dans les fossés. Cependant les curieux y trouvaient encore de quoi glaner. Le témoignage de Dusaulx n'est que trop bien confirmé. J'allai pour voir commencer le siège de la Bastille, écrit Restif de la Bretonne, et déjà tout était fini, la place était prise. Des forcenés jetaient les papiers, des papiers précieux pour l'histoire, du haut des tours, dans les fossés. Parmi ces papiers, il y en eut de brûlés, d'autres furent déchirés, des registres furent mis en pièces, traînés dans la boue. La foule avait envahi l'enceinte du château : les curieux, les lettrés s'empressaient d'enlever le plus possible de ces documents, où l'on croyait devoir trouver des révélations saisissantes. On cite le fils d'un magistrat célèbre, écrit Gabriel Brizard, qui en a emporté plein sa voiture. Villenave, alors âgé de vingt-sept ans, déjà collectionneur, y récolta une riche moisson pour son cabinet, et Beaumarchais, dans une tournée patriotique à l'intérieur de la Bastille conquise, eut soin de recueillir un certain nombre de ces papiers.

Les pièces dérobées aux archives, le jour et le lendemain de la prise, allèrent se dispersant par toute la France, par toute l'Europe. Pierre Lubrowski, attaché à l'ambassade de Russie, put s'en procurer un gros paquet. Vendues, en 1895, à l'empereur Alexandre, avec toute la collection Lubrowski, elles furent déposées au palais de l'Hermitage. C'est ainsi qu'elles sont aujourd'hui conservées à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg.

Heureusement que, dès le 15 juillet, la garde de la forteresse conquise fut confiée à la compagnie de l'Arquebuse, et que celle-ci reçut ordre de veiller à ce que l'on n'emportât plus de papiers. Le 16 juillet, au sein de l'Assemblée des électeurs, un des membres présents, s'élançant au bureau, s'écria : Ah ! messieurs, sauvons les papiers ! On dit que les papiers de la Bastille sont au pillage ; hâtons-nous de recueillir les restes de ces vieux titres d'un despotisme...

Erscheint lt. Verlag 7.3.2022
Sprache französisch
Themenwelt Sozialwissenschaften Politik / Verwaltung
ISBN-10 2-322-42720-9 / 2322427209
ISBN-13 978-2-322-42720-8 / 9782322427208
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