Sommes-nous tous racistes ? (eBook)
192 Seiten
Mardaga (Verlag)
978-2-8047-0228-1 (ISBN)
Etude de l'influence des facteurs psychologiques dans la perception du racisme. Je sais que je suis raciste, peut-etre meme envers plusieurs groupes. Je le regrette ; je prefererais dire que je ne suis pas d'accord avec certains groupes et, pourtant, il m'arrive d'avoir des acces jubilatoires quand des ennuis arrivent a un des groupes vis-a-vis desquels je me considere raciste. Je sais aussi que je ne voterais jamais pour un parti, nationaliste par exemple, qui aurait le moindre relent raciste. Je suis contre le racisme. Je sais encore que je ne suis pas excentrique ; je me considere dans la moyenne des gens. Je suis egalement un scientifique et non un reveur. Mes convictions que le racisme est quasi universel sont donc basees sur une interpretation de recherches fiables et coherentes. Cette interpretation n'est pas farfelue, meme si nombre de collegues ne l'acceptent pas publiquement. Comme mes collegues, j'espere la disparition du racisme, mais nous differons sur les moyens a employer. J'ecris ce livre avec la conviction que les consequences les plus nefastes du racisme disparaitront ou diminueront si l'on accepte tout d'abord ce cote nauseabond de notre personne. Se battre contre ce que l'on ignore ou occulte est totalement vain. Ameliorer ses faiblesses commande qu'a tout le moins on soit conscient de ses deficiences Cet ouvrage de reference etudie l'ascendance de la psychologie sociale et culturelle dans la formation d'un racisme inconscient.CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Face au "psychologiquement correct", le je-ne-suis-pas-raciste, l'auteur propose de reconnaitre d'abord la part de comportements racistes que nous manifestons consciemment ou pas, condition necessaire [...] pour lutter contre le rejet des autres. - Aide-MemoireD'un esprit resolument pedagogique, clair et concis, sans ton moralisateur, pour ceux qui souhaitent se faire une idee des mecanismes fondamentaux du racisme, cet ecrit constitue une belle entree en matiere. - Abdelatif Er-rafiy, Cerveau&Psycho, n(deg)52Definition, prejuges, discriminations, stereotypes, deshumanisation, non-dits...forment la trame de cet ouvrage dont les nombreux exemples invitent le lecteur a une mise en perspective personnelle et sociale. - Psychologies MagazineA PROPOS DE L'AUTEURJacques-Philippe Leyens est Professeur emerite de l'UCL a Louvain-la-Neuve. Il a recu en 2002 la plus importante distinction europeenne en psychologie sociale, le prix Henri Tajfel, pour la qualite de ses travaux et sa contribution a la discipline. Il a notamment publie aux editions Mardaga Psychologie sociale et Sommes-nous tous des psychologues ?
Introduction
Je sais que je suis raciste, peut-être même envers plusieurs groupes. Je le regrette ; je préférerais dire que je ne suis pas d’accord avec certains groupes et, pourtant, il m’arrive d’avoir des accès jubilatoires quand des ennuis arrivent à un des groupes vis-à-vis desquels je me considère raciste. Je sais aussi que je ne voterais jamais pour un parti, nationaliste par exemple, qui aurait le moindre relent raciste. Je suis contre le racisme. Je sais encore que je ne suis pas excentrique ; je me considère dans la moyenne des gens. Je suis également un scientifique et non un rêveur. Mes convictions que le racisme est quasi universel sont donc basées sur une interprétation de recherches fiables et cohérentes. Cette interprétation n’est pas farfelue, même si nombre de collègues ne l’acceptent pas publiquement. Comme la toute grande majorité d’entre eux, j’espère la disparition du racisme, mais nous différons sur les moyens à employer.
J’écris ce livre avec la conviction que les conséquences les plus néfastes du racisme disparaîtront ou diminueront si l’on prend d’abord toute la mesure de ce côté nauséabond de notre personne. Se battre contre ce que l’on ignore ou occulte est totalement vain. Améliorer ses faiblesses commande qu’à tout le moins on soit conscient de ses déficiences.
Le premier chapitre du livre débute par un contre-exemple. Selon Goldhagen, l’antisémitisme des nazis était une croyance millénaire qui touchait tous les Allemands et qui leur était d’ailleurs spécifique 1. Selon lui, il aura suffi cependant de quelques années de démocratie et la traduction de son livre en allemand pour supprimer tout racisme ! Je me sers de cette anecdote invraisemblable pour plaider que tous les groupes, et donc toutes les cibles, sont susceptibles d’être racistes. Le racisme tel que je l’entends dépasse de très loin l’étymologie du mot, qui limite son emploi à des ethnies, à des « races ». Ce qui est important dans le phénomène, c’est que c’est l’ensemble du groupe qui est mis en cause. On en veut au membre X du simple fait qu’il appartient au groupe X qui est coupable d’entraîner la « Xphobie » ou la « Xphilie », quelles que soient celles-ci.
Le deuxième chapitre illustre des expériences célèbres et importantes pour la compréhension du racisme. On y montre notamment que l’amour éprouvé pour le groupe d’appartenance ne signifie par pour autant la haine envers les autres groupes. J’en profite pour exposer une série de conditions qui mènent à des conflits intergroupes. Je mets également en exergue que notre but premier est de protéger notre groupe d’appartenance, ce qui est remarquable. Tout aussi remarquable : les phénomènes qui rendent compte de cette volonté de protection et du racisme en général sont des processus normaux qui relèvent d’une psychologie ordinaire.
Le troisième chapitre est important. Il commence avec la remarque de Myrdal 2, l’auteur du Dilemme américain, qui suggère que les problèmes de la société américaine sont davantage ceux des Blancs que ceux des Noirs. J’y discute longuement l’antagonisme qui existe entre « color-blind » et « color-conscious ». Être tout à fait color-conscious signifie non seulement que l’on accepte qu’il y ait des différences entre groupes, mais qu’on les accepte pour autant que ce soit conforme à notre morale. On est donc soit pour l’intégration, soit pour le racisme explicite. Être color-blind signifie soit que la minorité doit s’assimiler à la majorité – ce qui est une réaction raciste –, soit que tous les individus, quels que soient leurs groupes d’appartenance, sont égaux – une réaction non-raciste mais parfois utopique ou problématique.
Les stéréotypes sont les ingrédients probablement les plus étudiés au niveau du racisme. J’y ai d’ailleurs consacré deux chapitres. Pour des raisons qui me semblent fragiles, les stéréotypes sont les plus mal aimés des concepts issus de la psychologie sociale. Si vous n’en êtes pas convaincu(e), dites à votre petit(e) ami(e) qu’il ou elle est l’incarnation des stéréotypes des « X » ! Après avoir énuméré les reproches que l’on entend le plus souvent à propos des stéréotypes, je prends résolument leur défense. Il se fait que j’étais un jeune psychologue ennemi des stéréotypes 3. J’ai évolué parce que je suis certain qu’ils sont indispensables dans la vie quotidienne et que je suis convaincu qu’ils sont souvent efficaces. Ces qualités n’enlèvent strictement rien à l’usage raciste qui en est malheureusement fait. Tout comme ils sont efficaces dans la vie ordinaire, ils le sont dans une optique de racisme et leur aspect de slogan ne les aide pas. Ce sont les « Heil racisme » de toute une psychologie !
Le chapitre 6 traite à la fois des discriminations et des préjugés. Les deux processus, en effet, me semblent tellement liés que j’ai été incapable de les aborder séparément. Les deux sont le produit d’idéologies. Et ce ne sont pas les idéologies qui manquent du point de vue du racisme ! J’ai choisi une vision idéologique à partir de laquelle se présentaient différentes approches de l’inégalité entre groupes. Noter qu’il existe des groupes inégaux n’a rien de raciste. C’est un fait, mais son existence et ses conséquences relèvent souvent d’idéologies racistes. C’est l’idéologie à la base de la hiérarchie entre groupes qui est souvent raciste. À la lecture du chapitre, on pourrait me taxer de « classiste » parce que je me suis (facilement) évertué à mettre en exergue les justifications que les dominants renseignent en toute naïveté pour légitimer leur position privilégiée. Ces justifications maintiennent le statu quo de la société et peuvent aller jusqu’à « noircir » les incapables et à « blanchir » les compétents !
Le chapitre 7 traite de la déshumanisation. À ma connaissance, c’est la première fois que ce thème est abordé dans un livre avec autant de minutie et qu’il l’est dans un environnement qui ne renvoie pas nécessairement à des conflits armés, mais aussi à des situations de la vie quotidienne. Après une évocation de la théorie minimale pour comprendre le phénomène, je détaille les conséquences que les recherches disponibles ont mises en évidence. La déshumanisation est un phénomène qui est souvent extrême, mais il ne faudrait pas croire que, pour autant, il manque de finesse. J’illustre les variations d’humanité dans les interactions quotidiennes qui ne supposent aucun conflit. Je compare aussi la déshumanisation médicale, qu’on peut rencontrer dans les services d’oncologie, à la déshumanisation guerrière qui doit régner à Guantánamo. On sera étonné des similitudes et des différences entre les situations !
Outre le but premier de cet ouvrage – saper le racisme – je n’hésite pas à recourir au « politiquement incorrect » pour défendre mes idées. L’exemple le plus patent est celui, déjà dénoncé plus haut, de l’utilité fréquente des stéréotypes. Celle-ci provient notamment de la reconnaissance des groupes ou catégories dont certains voudraient effacer les différences ou minimiser les frontières. Une autre illustration est le phénomène de mode qui traverse les racismes et qui distingue ceux qui sont inacceptables de ceux dont on ne se doute même pas de l’existence ou qui sont acceptés comme des attitudes banales, voire louables. S’il n’y avait pas de groupes distincts, il n’y aurait pas de racisme, mais l’estompage des différences est une ruse d’un ethnocentrisme d’autant plus sournois qu’il ne profite qu’aux groupes ayant la possibilité d’élire les particularités à gommer.
J’ai toujours veillé à ce que mes provocations reposent sur des faits bien établis par la recherche. J’aimerais qu’elles suscitent réflexions, débats, et remises en question. Bonne lecture !
1. Goldhagen, D. (1996). Hitler’s Willing Executioners : Ordinary Germans and the Holocaust, New York : Alfred A. Knopf. Traduction...
Erscheint lt. Verlag | 10.6.2014 |
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Vorwort | Azzi Assad E. |
Sprache | französisch |
Themenwelt | Geisteswissenschaften ► Psychologie ► Allgemeines / Lexika |
Geisteswissenschaften ► Psychologie ► Allgemeine Psychologie | |
Geisteswissenschaften ► Psychologie ► Sozialpsychologie | |
Sozialwissenschaften ► Pädagogik | |
Sozialwissenschaften ► Soziologie | |
Schlagworte | a priori • Azzi Assaad E. • collection PSY-Individus, groupes, cultures • différences de culture • discriminations raciales et culturelles • eBooks • Editions Mardaga • Essais • exclusions • groupes • idées préconçues • inconsciences • influences psychologiques • Jacques-Philippe Leyens • ouvrages de référence • préjugés • premières impressions • psychologie culturelle • Psychologie des racismes ordinaires • Psychologie sociale • racisme • Sociologie • Sommes-nous tous racistes? • stéréotypes |
ISBN-10 | 2-8047-0228-6 / 2804702286 |
ISBN-13 | 978-2-8047-0228-1 / 9782804702281 |
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