Voyage avec un âne dans les Cévennes (eBook)

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2015
65 Seiten
Booklassic (Verlag)
978-963-525-770-6 (ISBN)

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Voyage avec un âne dans les Cévennes -  Robert Louis Stevenson
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A l'automne 1878, le jeune écrivain part avec une ânesse, Modestine, pendant douze jours et traverse les Cévennes depuis Monastier jusqu'a St Jean du Gard. Il nous décrit agréablement cette région de montagnes, et nous relate en meme temps l'histoire de ces contrées, en particulier la révolte des Camisards. De nos jours, un sentier de grande randonnée a été créé sur ces traces : le GR70.

II – L’ÂNIER INEXPÉRIMENTÉ


La cloche du Monastier sonnait juste neuf heures, lorsque j’en eus terminé avec ces ennuis préliminaires et descendis la colline à travers les prés communaux. Aussi longtemps que je demeurai en vue des fenêtres, un secret amour-propre et la peur de quelque défaite ridicule me retinrent de sourdes menées contre Modestine. Elle avançait d’un pas trébuchant sur ses quatre petits sabots, avec une sobre délicatesse d’allure. De temps en temps, elle secouait les oreilles ou la queue et elle paraissait si menue sous la charge qu’elle m’inspirait des craintes. Nous traversâmes le gué sans difficultés. Il n’y avait aucun doute à ce sujet, elle était la docilité même. Puis, une fois sur l’autre bord, où la route commence son ascension à travers les bois de pins, je pris dans la main droite l’impie bâton du commandement et, avec une vigueur tremblante, j’en fis application au baudet. Modestine activa sa marche pendant peut-être trois enjambées, puis retomba dans son premier menuet. Un autre coup eut le même résultat et aussi le troisième. Je suis digne du nom d’Anglais et c’est violenter ma conscience que de porter rudement la main sur une personne du sexe. Je cessai donc et j’examinai la bête de la tête aux pieds : les pauvres genoux de l’ânesse tremblaient et sa respiration était pénible. De toute évidence, elle ne pouvait marcher plus vite sur une colline. Dieu m’interdit, pensai-je, de brutaliser cette innocente créature. Qu’elle aille de son pas et que je la suive patiemment !

Ce qu’était cette allure, aucune phrase ne serait capable de la décrire. C’était quelque chose de beaucoup plus lent qu’une marche, lorsque la marche est plus lente qu’une promenade. Elle me retenait chaque pied en suspens pendant un temps incroyablement long. En cinq minutes, elle épuisait le courage et provoquait une irritation dans tous les muscles de la jambe. Et pourtant, il me fallait me garder tout à proximité de l’âne et mesurer mon avance exactement sur la sienne. Si, en effet, je ralentissais de quelques mètres à l’arrière ou si je la devançais de quelques mètres, Modestine s’arrêtait aussitôt et se mettait à brouter. L’idée que ce manège pouvait durer ainsi jusqu’à Alais me brisait quasiment le cœur. De tous les voyages imaginables, celui-ci promettait d’être fastidieux. Je m’efforçais de me répéter qu’il faisait une journée délicieuse. Je m’efforçais d’exorciser, en fumant, mes fâcheux présages. Mais la vision me restait sans cesse présente de longues, longues routes au sommet des monts ou au creux des vallées, où deux êtres se mouvaient d’une façon infinitésimale, pied à pied, un mètre à la minute et, comme les fantômes ensorcelés d’un cauchemar, sans se rapprocher jamais du terme.

Sur ces entrefaites, voici que monta derrière nous un gros paysan, âgé peut-être d’une quarantaine d’années, de mine ironique et bourrue et vêtu de la veste verdâtre de la contrée. Il nous surprit cheminant côte à côte et s’arrêta pour regarder notre pitoyable avance.

– Votre baudet, dit-il, est très vieux ?

Je lui répondis que je ne le pensais pas.

– Alors, supposa-t-il, il vient de fort loin ?

Je lui répondis que nous venions seulement de quitter le Monastier.

– Et vous marchez comme ça ! s’écria-t-il. Et rejetant la tête en arrière il partit d’un long et cordial éclat de rire. Je le regardai, déjà prêt à demi à me sentir offensé, tant qu’il eût satisfait à son hilarité. Et alors : « Vous n’avez pas à avoir aucune pitié pour ces animaux », fit-il. Et arrachant une verge à un buisson, il se mit à en fouetter Modestine sur l’arrière-train, en poussant un cri. La malheureuse redressa les oreilles et partit sans façons à une vive allure qu’elle garda sans ralentir, sans témoigner du moindre symptôme de détresse, aussi longtemps que le paysan resta près de nous. Son premier essoufflement et son tremblement n’avaient été, j’ai regret de le dire, que comédie.

Mon « deus ex machina », avant de me quitter me donna un excellent, quoique inhumain conseil. Il me le tendit, en même temps que la baguette qui, déclara-t-il, serait plus finement sentie que mon bâton. Finalement, il m’apprit le véritable cri ou le mot maçonnique des âniers : « Prout ! » Tout le temps, il me regarda d’un air sardonique et comique, gênant à supporter, et il se moqua de ma manière de mener un baudet, comme j’aurais pu me moquer de son orthographe ou de sa veste verdâtre. Mais ce n’était pas mon tour pour l’instant.

J’étais fier de mon savoir neuf et pensais que j’avais appris à perfection l’art de conduire. Et, certes, Modestine accomplit des prodiges durant le reste de l’avant-midi et j’avais large espace où respirer et loisir de regarder. C’était dimanche. Les champs de la montagne étaient tous déserts dans la clarté du soleil et, tandis qu’au bas de la côte, nous traversions Saint-Martin-de-Fugères, l’église débordait de fidèles jusque sur le seuil. Il y avait des gens agenouillés au-dehors sur les marches et le bruit du plain-chant du prêtre m’arriva de l’intérieur obscur. Cela me donna aussitôt une impression de famille, car je suis, pour ainsi dire, un compatriote du dimanche et toutes les observances du dimanche, comme l’accent écossais, agitent en moi des sentiments complexes : reconnaissance et le contraire. Il n’y a qu’un voyageur, qui surgit là comme un évadé d’une autre planète, à pouvoir goûter exactement la paix et la beauté de la grande fête ascétique. La vue de la contrée au repos lui fait du bien à l’âme. Il y a quelque chose de meilleur que la musique dans le vaste silence insolite, et qui dispose à d’agréables pensées comme le bruit d’une mince rivière ou la chaleur du clair soleil.

Dans cet agréable état d’esprit, je descendis la colline, jusqu’à l’endroit où est situé Goudet, à la pointe verdoyante d’une vallée, en face du Château de Beaufort sur une butte rocheuse et du cours d’eau, limpide comme cristal, qui meurt dans un étang les séparant. D’au-dessus et d’en dessous, on peut l’entendre qui sinue parmi les pierres, aimable jouvenceau de fleuve qu’il semble absurde d’appeler la Loire. De toutes parts, Goudet est encerclé par des montagnes ; des sentes rocailleuses, praticables au mieux par des ânes, rattachent la localité au reste de la France. Et hommes et femmes y boivent et sacrent dans leur coin de verdure où, du seuil de leurs demeures, lèvent les yeux, l’hiver, vers les pics ceints de neiges, dans un isolement qu’on jurerait pareil à celui des Cyclopes homériques. Mais, il n’en est rien. Le facteur atteint Goudet avec son sac postal. La jeunesse ambitieuse de Goudet est à moins d’une demi-journée de marche du chemin de fer du Puy. Et là, à l’auberge, vous pouvez trouver le portrait gravé du neveu de l’hôtelier : Régis Senac, « professeur d’escrime et champion des deux Amériques », une distinction qu’il a conquise, là-bas, avec la somme de cinq cents dollars, au Tammany Hall, New York, le 10 avril 1876.

Je dépêchai mon repas de midi et bientôt en avant de nouveau ! Hélas ! tandis que nous grimpions l’interminable colline sur l’autre versant : « prout » semblait avoir perdu sa vertu. Je « proutais » comme un lion, je « proutais » doucereusement comme un pigeon qui roucoule, mais Modestine n’était ni attendrie ni intimidée. Elle s’en tenait, opiniâtre, à son allure. Rien, sinon un coup ne l’aurait fait bouger et encore pour une seconde. Je devais la talonner en lui cinglant les côtes, sans cesse. Un arrêt d’un moment dans cette ignoble besogne et elle récidivait à son allure particulière. Je crois que je n’ai jamais entendu parler de personne en aussi abjecte situation. Je voulais atteindre le lac du Bouchet, où j’avais l’intention de camper, avant le coucher du soleil, et, pour n’en conserver que l’espoir, il me fallait immédiatement maltraiter cet animal résigné. Le bruit des coups que je lui administrais m’écœurait. Une fois, tandis que je la regardais, elle me parut ressembler vaguement à une dame de ma connaissance qui m’avait autrefois accablé de ses bontés. Et cela ajouta au dégoût de ma cruauté.

Pour comble de malchance, nous rencontrâmes un autre baudet, vagabondant à son gré sur le bord de la route. Or, cet autre baudet se trouvait par hasard un Monsieur. Lui et Modestine se rencontrèrent en manifestant leur plaisir et je dus séparer leur couple et rabattre leur jeune ardeur par une nouvelle et fiévreuse bastonnade. Si l’autre bourriquet avait eu sous la peau un cœur de mâle, il serait tombé sur moi à coup de dents et de sabots et c’eût été du moins une sorte de consolation, – il était tout à fait indigne de la tendresse de Modestine. Mais cet incident m’attrista comme tout ce qui me rappelait le sexe de mon âne.

Il faisait une chaleur d’étuve en remontant la vallée, sans un souffle de vent, un soleil ardent sur mes épaules et il me fallait jouer si constamment du bâton que la sueur coulait dans mes yeux. Toutes les cinq minutes, aussi, le paquetage, le panier, le paletot marin inclinaient fâcheusement, d’un côté ou de l’autre et j’étais contraint d’arrêter Modestine, à l’instant précis où j’avais obtenu d’elle une cadence acceptable de deux milles à l’heure, pour tirailler, pousser, épauler ou réajuster le chargement. Et, à la fin, dans le village...

Erscheint lt. Verlag 29.6.2015
Sprache französisch
Themenwelt Sachbuch/Ratgeber
Reisen Reiseberichte
Reisen Reiseführer
ISBN-10 963-525-770-8 / 9635257708
ISBN-13 978-963-525-770-6 / 9789635257706
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