Jacques Guichebard : après l'averse

Jacques Guichebard après l'averse

On compte cinq périodes majeures dans le parcours de Jacques Guichebard : Billards (1978-1982), l'expressionnisme abstrait (1982-1988), les noirs, lumières de lune (1988-1998), peintures « sous pression » (1998-2005), les blancs (2004-2005).

Dans son atelier désormais finistérien de Lanildut, face à l'aber, l'artiste est un intranquille qui ne cesse de revenir, toujours, à ses pigments, à ses pinceaux. Il n'est pas coupé du monde, se montre en galerie à Lille, à Melle, à Brest, mais les grandes expositions de Corbeil-Essonnes, du Port-musée de Douarnenez (2014), ou de Porspoder (2018) sont rares et par conséquent d'autant plus précieuses.

Dans la besace de Guichebard, de très grands formats, parfois monochromes, alternent avec des toiles plus classiques, mais certaines séries ne cachent en rien les procédés originaux qui les animent : recouvrements d'oeuvres ultra réalistes, installations de dispositifs en volume, collages avec matières et tissus, pochoirs à partir d'authentiques laminaires ramassées sur la grève... Le marché des Lices à Rennes se souvient des bâches géantes qu'il avait énergiquement peintes et installées là voici trente ans, au coeur du quotidien le plus trivial, afin « que la peinture embrase la ville et les gens ».

Le travail du peintre Jacques Guichebard couvre plus de trente années qui s'étagent en périodes relativement distinctes : réalisme onirique, expressionnisme abstrait, abstraction lyrique... On ne saurait toutefois réduire sa peinture à ces classements d'école, puisqu'elle affirme haut et clair une franche liberté et qu'elle trouve sans cesse à se renouveler. Tout au plus peut-on affirmer avec Anne Kerdraon (1987) qu'elle « est musique. Jazz. La pulsation rythmique du tempo musical, incorporé, quand la peinture conduite à l'écoute de musique free ou soul, se projette sur la toile. »

Avec un art consommé des procédés, du recouvrement au pochoir, du collage au palimpseste, l'art de Guichebard sacrifie volontiers à la loi des séries tout en affichant au final sa grande cohérence face au monde. Pour la première fois présenté en une monographie riche de 200 tableaux, croquis et dessins, il s'ouvre ici aux (re)lectures du feu créateur.