le temps de l'espérance -  Julien Sabidussi

le temps de l'espérance (eBook)

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2024 | 1. Auflage
328 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-56794-2 (ISBN)
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Damien, Hassan et Maelys se rencontrent lorsque leur enfance tourmentée se voit chamboulée à n'y plus rien reconnaitre. Découvrant ce lieu mystérieux au sein duquel ils sont envoyés, ce pour une durée indéterminée, la charge de leurs blessures s'évapore peu à peu, face à la force de leur amitié naissante, vouée à s'inscrire dans le marbre des écorchés. Commence alors une aventure saisissante, accompagnés d'êtres de lumière dédiant leur existence à l'altruisme, permettant aux trois protagonistes d'affronter leurs épreuves bouleversantes armés d'une boussole inaltérable : la quête d'une liberté lâchement volée. Parviendront-ils à changer leur destinée ?

Auteur de deux recueils de nouvelles (Rupture et Sous les Etoiles), Julien Sabidussi propose ici son premier roman illustrant un combat personnel au travers d'une problématique de société, à savoir le traumatisme à l'enfance. Outre une prise de conscience nécessaire, sa volonté est avant tout de proposer des réponses et un idéal auquel nous inspirer davantage. Musicien depuis le plus jeune âge et grand amateur de littérature et d'écriture, Julien perçoit l'art comme un échappatoire, un moyen d'évasion, mais aussi de rencontre avec cette part de soi que la vie quotidienne enferme dans l'oubli et la négligence profonde. Ecrire est, à ses yeux, une forme de thérapie, mais aussi de partage, valeur qui lui est essentielle.

I


C’était un trajet qu’il connaissait jusque dans les moindres virages. Il l’effectuait chaque matin dans un état d’esprit similaire. Blotti au milieu de ce bus scolaire, l’épaule collée au bord de la fenêtre, il observait de son oeil triste cet horizon qui le rapprochait, mètre après mètre, de la sentence qu’il se devait de subir chaque fois que le soleil se levait. Isolé des autres, recroquevillé sur lui-même, son but était surtout d’être le plus invisible possible. Moins il existait, plus il pouvait respirer. Ce matin-là, Damien sentait toutefois que ce jour ne serait pas comme à l’habitude. Il avait croisé sa mère pendant qu’il prenait son petit-déjeuner, l’avait salué d’un hochement de tête, d’un regard brumeux et d’un sourire de façade, avant de la voir disparaitre au loin dans la maison. Droopy, son chien, l’avait fixé de ses gros yeux globuleux et s’était approché de lui comme pour comprendre cette angoisse qu’il percevait. Droopy était le seul qui savait. Ce chien n’était pas qu’un chien. Pour le jeune Damien, il était un frère, un Ami sans égal, un être irremplaçable qui était entré dans sa vie avec une mission. Le sauver. Le sauver de sa détresse sourde, le sauver du mal des Hommes dont il connaissait le coeur et les contours sans toutefois en saisir le sens. Droopy était son compagnon de misère et de souffrance, et ce matin-là, Damien eut le terrible pressentiment de lui dire au revoir pour la dernière fois…

Le bus approcha le parking dédié à quelques dizaines de mètres de l’entrée du collège. Cette fois il n’était plus possible de reculer, de prendre une dernière bouffée d’air, ni de gagner quelques secondes supplémentaires. Damien dut se tenir prêt à affronter sa guerre. Son ventre se noua aussitôt, son visage se crispa, sa respiration accéléra, et son coeur palpita brusquement. Le chauffeur ouvrit alors la porte et demanda aux élèves de quitter le véhicule. Damien attendit son tour, baissant le regard afin de ne surtout pas croiser celui des autres camarades, ces yeux emplis de haine et d’une particule qu’il ne parvenait à définir, une forme de subtil mélange entre méchanceté gratuite, vile et dénuée d’humanité, le tout avec un plaisir, une excitation profonde absolument incontrôlable. L’un d’eux gifla avec fougue l’arrière du crâne de Damien en arrivant à son niveau. Le jeune collégien encaissa sans broncher, tremblant de peur, les yeux écarquillés. Il entendit les rires des autres tout autour, une sombre mélodie coutumière. « Aujourd’hui, t’es mort ! » lui assainit son bourreau, le visage rond, les mains épaisses, la voix juvénile mais le regard putride et déterminé. D’autres acquiescèrent aussitôt, « victime ! » et autres insultes fusèrent dans la foulée, avant que le dernier finisse par rejoindre la sortie du bus.

Damien hésita, puis, sous la demande du chauffeur, se résigna et se leva de son siège. Il rejoignit l’extérieur l’estomac rigide, la respiration douloureuse, se mêlant timidement à la masse compacte se dirigeant bruyamment vers l’entrée de l’établissement. Un long chemin gravelé semblait symboliser le couloir de la mort, que Damien empruntait chaque jour tel un condamné se livrant à ses dernières prières, avant que ce large portail sombre et imposant vienne sonner la fin dont il appréhendait la souffrance et enviait la délivrance. Damien avança, lentement, les pas lourds, le regard tétanisé, le coeur s’emballant chaque mètre un peu plus, pendant que d’autres camarades se tournèrent vers lui et rirent de manière narquoise. « Tête d’oeuf, il va prendre cher ! » lâcha l’un d’eux, causant l’hilarité de deux autres, dont une fille, petite de taille, le corps frêle, le regard privé de sentiment, l’expression malingre. Un violent coup d’épaule vint brusquer le jeune collégien, augmentant son rythme respiratoire avec frénésie. Marcher. Toujours marcher. Ne jamais s’arrêter, ne jamais se retourner. Ne rien exprimer. Ni peur, ni angoisse, ni colère, ni douleur. Une bousculade légère le projeta brusquement vers l’avant, pendant que des moqueries surgirent, le ton haut, quelques mètres plus loin, à sa droite. Le portail fut péniblement franchi. Il était maintenant au sein de la cour de ce collège qui hantait chacune de ses nuits. Les bordures ternes, grisâtres, arpentées de tags hideux. Ces bancs négligés, ce bitume chaud, ces tables de ping-pong moisissant tristement au milieu de la cour, et ces bâtiments dépeints, froids et antipathiques remplissant l’ensemble, au fond de l’espace, situés tout le long. Des centaines d’élèves, que Damien percevait comme des ennemis, des dangers notoires, peuplaient l’ensemble du lieu, gigotant, riant, hurlant, sautillant et frappant déjà avec une énergie invraisemblable. La violence était un jeu. Des « amis » jouaient à se cogner dessus, le plus férocement possible, se délectant du supplice et de la souffrance infligée.

Certains, plus faibles, s’écroulaient sur le bitume inconfortable et se recroquevillaient pour mieux supporter la correction matinale. D’autres formaient des cercles et prenaient plaisir à assister aux spectacles proposés, n’hésitant pas un instant à brandir leurs smartphones afin d’immortaliser l’instant. Tous avaient entre 11 et 14 ans, 15 ans pour les plus cancres d’entre eux. Bienvenue chez les enfants de l’ère moderne.

Damien traversa la cour le rythme soutenu, le regard alerte, l’attention portée sur tous les dangers possibles qui se trouvaient autour. Les regards, particulièrement malsains, se posaient sur lui comme celui d’un chasseur devant du gibier. Les plus grands, d’immenses carcasses effrayantes aux yeux du jeune collégien, l’observaient avec mépris et condescendance. Du haut de ses 11 ans et de son petit mètre quarante-six, il était un agneau à côté de tous ces grands adolescents déjà solidement charpentés, les voix masculines, les visages ne démontrant plus la moindre innocence, les mains rustres bien trop souvent utilisées à blesser et se protéger des autres mains, des genoux, des pieds et des éventuelles armes blanches qui se présentaient si fréquemment, au sein de cet établissement de zone sensible comme la France en comptait par dizaines au moins sur l’ensemble de son territoire.

Plus il avançait, plus il sentait que quelque chose se tramait. Il y régnait comme une forme de calme avant la tempête. Un calme des plus relatifs, face à une tension palpable à l’autre bout du pays, mais Damien la connaissait comme un ami de toujours. Aujourd’hui n’était pas comme les autres jours. Cette sensation lui maintenait un stress monumental étouffant, chaque seconde qui passait. Il se dirigea vers sa salle de classe, rejoignant les autres camarades, en se gardant le soin de rester bien au fond de la file, comme il en avait appris la nécessité. Le professeur déroula sa leçon nonchalamment. Le désordre était la norme, les uns singeant, les autres piaillant en cercles décomplexés, puis ceux comme Damien qui essayaient d’en tirer un enseignement, celui que l’école était morte et qu’il ne fallut plus y compter. Les brutes de sa classe s’acharnèrent sur quelqu’un d’autre que lui, ce matin-là, à savoir Audrey, une pauvre petite souffrant d’obésité et portant des lunettes, le combo ultime comme ils disaient, que tous raillaient allègrement sans aucune retenue. Damien assista à la scène en coin de classe, collé au mur opposé, entendit les moqueries, « grosse vache », « minable », « mocheté », se répéter inlassablement sous l’indifférence du professeur blasé. Il vit les papiers envoyés en sa direction à plusieurs reprises, les coups de pieds sur le dos de sa chaise. Audrey ne moufta pas un mot, ne fit aucun geste, n’afficha aucune expression. Lorsqu’elle entrait dans ce collège, c’était acté. Elle n’était plus un être humain, une jeune fille avec des émotions et des sentiments, des rêves, des envies, des goûts et des espoirs. Non. Elle était « la grosse vache ». Etiquetée sur le front tel un vulgaire produit industriel, et...

Erscheint lt. Verlag 1.4.2024
Sprache französisch
Themenwelt Literatur
ISBN-10 2-322-56794-9 / 2322567949
ISBN-13 978-2-322-56794-2 / 9782322567942
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