ADA (eBook)

L'institutrice florentine
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2024 | 1. Auflage
244 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-51126-6 (ISBN)

Lese- und Medienproben

ADA -  Florence Gosson Lusetti
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Rentrée scolaire 1867 à Barano d'Ischia. Le conseil municipal n'a pu n reporter l'échéance plus longtemps, une institutrice est envoyée par le ministère de l'Instruction afin de créer l'école des filles. Serafina Baldani débarque de Florence, la nouvelle capitale de l'Italie presque unifiée, pour enseigner aux fillettes à lire et écrire, et à promouvoir la langue italienne, là où l'on ne parle que le dialecte. Il faut "fabriquer des Italiens" ! Ada et Teresina ont sept ans désormais et vont inaugurer la nouvelle classe. Mais pour Serafina, les choses en sont pas simples : il faut se battre pour faire changer les mentalités. Pour Ada, enfant sous tutelle de l'orphelinat, l'école est un havre où elle se sent en sécurité. Pendant ce temps, les troupes de Napoléon postées à Rome pour défendre les intérêts pontificaux constituent un dernier rempart à l'unification de l'Italie.

Florence Gosson Lusetti restitue l'atmosphère du sud de l'Italie dans les années 1860, grâce à son écriture sensuelle, qui fait surgir les personnages dans leur vie quotidienne, au plus près du lecteur. Inspirée par la vie de ses ancêtres sur l'île d'Ischia, l'auteure intègre, dans l'écriture de cette vivante saga familiale, un travail minutieux d'enquête sociologique et historique. Dans le fragile équilibre de l'Italie en construction, le lecteur est entraîné dans de chaleureuses aventures humaines, au sein de lumineux paysages.

Chapitre 3


À bord du vapeur postal Zwavo di Palestre

« Désolé, Signorina, c’est une entrée en matière quelque peu acrobatique, dit Eugène à Serafina. Enchanté !

- La signorina Baldani s’arrête à Ischia, comme nous. Elle va ouvrir l’école des filles à Barano.

- C’est formidable, Signorina, et surtout très courageux, répond le jeune homme en prenant place aux côtés de Cornelio.

- Courageux ? demande Serafina en riant. Elle sort un éventail de sa sacoche.

- Oui, vous aurez au moins cinquante enfants auxquels enseigner. Moi, avec un seul, dit le jeune homme, en désignant le jeune Cornelio d’un geste affectueux du menton, j’y parviens difficilement. Préparer les leçons, maintenir son attention, vérifier ses acquisitions… Et pourtant, il est de bonne volonté !

- Eugène, ne découragez pas cette jeune demoiselle avant même qu’elle n’ait démarré !

- Oui, pardon. Je voulais surtout témoigner de mon admiration pour mes collègues de l’enseignement public.

- Et qu’enseignez-vous à Cornelio, Monsieur Herbez ? demande Serafina, sans regarder le jeune homme.

- Je lui parle en langue française, et nous enchaînons avec des cours de latin, d’arithmétique, géométrie, géographie, histoire… J’ai mon programme que j’adapte en fonction des centres d’intérêt de l’enfant. J’ai la chance, grâce à son père, merci Signor Manzi, de pouvoir acheter autant de documentation que j’estime en avoir besoin.

- J’ai le même objectif que vous, reprend Serafina, susciter une dynamique de curiosité dans la classe, afin que les apprentissages soient aisés pour les fillettes. Oh, avez-vous remarqué que la tempête semble s’apaiser ? J’en profite pour boire ma tasse de thé ! Et comme il s’agira pour elles de leur première année d’école, mon ambition est qu’au bout des deux années, lorsqu’elles la quitteront, elles aient acquis le déchiffrage de la lecture et sachent signer et écrire des éléments simples de la vie courante. En revanche pour ce qui est de la documentation, je crains d’être soumise aux contraintes budgétaires de la municipalité.

- Cela est très honorable et me semble une belle méthode, répond Luigi Manzi. Et où avez-vous appris votre beau métier, Signorina ? À l’école pour les futurs enseignants à Florence, notre nouvelle capitale ?

- Oui, j’y ai étudié plusieurs années. Et vous, Monsieur Herbez, où avez-vous étudié ? De quelle région de France venez-vous ?

- Ah moi, je viens de Nyon, dans le canton de Vaud en Suisse. J’ai étudié à Genève, la théologie d’abord, pensant devenir pasteur. Et puis, je n’étais plus sûr de rien, alors j’ai accepté de prendre quelques années au service de l’éducation de ce jeune garçon prometteur.

- J’y pense, Signorina, à Florence, vous aurez peut-être croisé notre héros national Giuseppe Garibaldi, qui vient d’y faire un séjour remarqué ? Héros national ou bien, selon les points de vue, l’homme le plus imprévisible et faiseur d’ennuis qui soit ?

- Vous aurez sans doute compris, d’après le nom que j’ai donné à ma chienne, Anita, que mon cœur penche pour la première hypothèse. Même si depuis quelque temps, Garibaldi a le don d’exacerber les tensions politiques.

- Anita, oui, comme la première épouse bien-aimée du grand homme.

- C’est cela ! Oui, je l’ai croisé une fois durant son séjour à Florence. Mon frère Enrico est journaliste politique et m’a invitée à l’accompagner pour l’interviewer. Mais nous l’avions rencontré quelques jours seulement auparavant à Genève, au Congrès de la Paix, où il avait donné une conférence de presse à de nombreux journalistes. Et je l’ai revu à un endroit inattendu avant-hier, en gare de Florence. Je faisais la queue au guichet pour prendre mon billet de train pour rejoindre Libourne et voici qu’un attroupement bruyant s’approche en vociférant : « À Rome ! ». Il était là, entouré de ses hommes, prêt à prendre le train vers le sud, Orvieto je crois.

- Oh, Signorina, c’est passionnant. Mais êtes-vous au courant de ce qu’il lui est arrivé hier ? Peut-être pas, comme vous étiez déjà sur le bateau. Racontez-nous d’abord ce qu’il vous a dit lors de l’interview. Comment allait-il ? Nous sommes de vieux compagnons de route, vous savez, lui et moi.

- Il semblait bien se porter. Pour un homme de soixante ans, il dégage une énergie étonnante. Pardonnez-moi, dit-elle à Luigi Manzi, je ne connais pas votre âge et je ne veux pas…

- Pas de souci, Signorina, je marche vers les soixante printemps également. Je suis l’heureux père de plusieurs jeunes enfants. Saviez-vous que notre Giuseppe, enfin, Garibaldi, s’est mis en ménage, à Caprera, avec une très jeune femme, celle qui s’occupait de ses petits-enfants ? Et qu’ils ont une fille de quelques mois ?

- J’en ai entendu parler, mais nous ne l’avons interrogé que sur les aspects politiques de son action et non sur sa vie privée… Son mot d’ordre est devenu presque un refrain, « À Rome, à Rome ! », pour mobiliser les troupes de volontaires d’un peu partout à se mettre en route vers la ville qui manque à l’Italie pour compléter son unité.

- Tu te souviens, Papa, demande Cornelio, on l’avait invité à la maison, Garibaldi, à Casamicciola quand il était en cure ?

- Oui, quels bons moments passés avec cet homme exceptionnel. Mais il manque parfois de jugement politique. Tout feu tout flamme, il veut passer en force.

- Tu te souviens, je lisais « Un voyage en ballon » de Jules Vernes.

- Bravo Cornelio, l’encourage Serafina.

- Avez-vous lu le communiqué de la Gazette Officielle, il y a quelques jours, où le gouvernement de Rattazzi prévient que si quelqu’un s’avisait à violer les traités internationaux, le gouvernement ne le souffrirait à aucun prix ? Il s’agissait bien sûr de la convention de septembre 1864 négociée avec Napoléon III, qui protége les intérêts pontificaux et donc Rome !

- Oui, bien sûr, et c’était en réponse aux articles d’incitation à la révolte parus dans La Réforme à l’attention du peuple de Rome, l’autre dans L’Italie, à l’adresse des patriotes italiens.

- Ce qui est incroyable, note Eugène, c’est que Rattazzi, en tant que chef du gouvernement, l’ait laissé faire comme si lui et ses hommes étaient complices. C’est ce qui s’était passé aussi à Aspromonte en 1862, non ?

- Oui, c’est un scénario bien connu qui se joue entre Garibaldi et le gouvernement italien, depuis des décennies, dit Luigi Manzi. Un jeu de dupes. On lui fait crédit lorsqu’il peut être utile, puis on se rétracte avec des cris de vieille fille outragée dès que les cours européennes font mine d’ouvrir un œil pour maintenir les intérêts de Pie IX.

- On ne verrait pas cela en Suisse, dit Eugène. La parole est la parole, on ne fait pas semblant d’une chose pour se rétracter après.

- Pardon, Signor Manzi, reprend Serafina, mais vous avez éveillé ma curiosité. Qu’avez-vous donc appris hier concernant Garibaldi ? Ça se serait passé depuis son départ de Florence ?

- Oui, regardez, j’ai acheté le journal d’hier soir à Civitavecchia avant d’embarquer, dit Manzi en le lui tendant.

- 24 septembre 1867, lit Serafina. Oh non ! dit-elle, en parcourant l’article. Il a été arrêté à Sinalunga, avec del Vecchio et Basso, ses compagnons. Ha ha, ça, c’est bien lui, poursuit-elle : « Vous me concéderez au moins de prendre un bain, a-t-il déclaré. Pendant qu’il procédait à un long bain, la foule s’est attroupée sur la place du village pour menacer les soldats piémontais. » Mais où se trouve-t-il donc à cette heure ?

- Sans doute a-t-il été...

Erscheint lt. Verlag 8.1.2024
Reihe/Serie ADA
Sprache französisch
Themenwelt Literatur Klassiker / Moderne Klassiker
Schlagworte amie prodigieuse • femme de tête • Ischia • Romance • Saga familiale
ISBN-10 2-322-51126-9 / 2322511269
ISBN-13 978-2-322-51126-6 / 9782322511266
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