Mon lion, cette étoile (eBook)
120 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-41462-8 (ISBN)
Dorine Billet à 35 ans, mariée et mère de deux enfants, elle habite dans le Pas-de-Calais. Son père est mort le 28 mai 2018. Pour alléger ses souffrances, elle écrit ses peines et son manque de lui dans un carnet durant un an. Elle décide d'en faire un livre témoignage, sans filtres ni détours, pour reverser l'intégralité des ventes au pôle cancer d'une association de sa ville.
CHAPITRE 2
Faisons un saut dans le temps et allons en début d’année 2016, là où tout a commencé. Cela faisait plusieurs mois qu’il se plaignait du ventre. Têtu et ne voulant pas aller chez le médecin, un jour où la douleur était insupportable, il me demanda de le conduire aux urgences. Je sentais depuis plusieurs jours que quelque chose clochait. Le même pressentiment que j’avais eu pour ma mère lorsqu’elle attendait les résultats de ses examens.
Sur le trajet, il demeurait silencieux mais douloureux, je voyais bien qu’il souffrait vraiment beaucoup. Nous passâmes rapidement à l’accueil et son tour arriva. L’infirmière nous annonça qu’il allait passer des examens en tous genres et qu’ils le gardaient pour la nuit. Le lendemain, les premiers résultats arrivèrent, mais je n’y compris pas grand-chose. Alors je pris les termes que je ne connaissais pas et commençais à faire des recherches.
Plusieurs sites passants, je retrouvais souvent le mot que je redoutais tant : cancer… Toutes sortes d’examens furent réalisées au cours de la semaine, scanner, IRM, coloscopie…
Ayant les codes pour avoir les comptes-rendus sur le Net, je consultais chaque jour sa page. Chaque fois, je refaisais le même petit rituel, je prenais les mots et les termes que je ne connaissais pas et faisais mes recherches dans mon coin. Je compris qu’il avait un polype malin au niveau du côlon. Je réorientais alors mes recherches vers ce cancer et m’aperçus qu’il présentait beaucoup des symptômes tels que les douleurs abdominales, le sang dans les selles et j’en passe.
Après deux semaines passées à la clinique, il avait déjà perdu une bonne dizaine de kilos. Pour mettre ses organes au repos, il devait suivre une diète liquide, il était sous perfusion et avait juste le droit au café et à l’eau. Il resta plusieurs jours sans avoir le verdict. Autant de jours d’angoisse, de pronostics, de recherches, jusqu’au jour où le verdict tomba enfin.
Je me souviens être chez ma belle-mère, mon petit garçon de deux mois venait de finir son biberon lorsque mon téléphone sonna. Ma maman qui m’appelait en fin d’après-midi me fit craindre le pire. Elle me prépara doucement en me disant que les derniers résultats n’étaient pas bons et que le docteur avait annoncé à mon père, qu’il souffrait d’un cancer du côlon bien avancé. Cette nouvelle, même si je m’y attendais, me fit l’effet d’une bombe et résonna comme une catastrophe. Mes larmes coulaient et je ne savais quoi répondre. Alors ma mère me dit juste qu’il allait se battre et que ça irait. Mickaël et ma belle-mère, Sylvie me prirent dans leurs bras, mais ça ne me réconfortait pas, car mon monde s’écroulait. L’illusion d’immortalité dans laquelle j’incluais mes parents et chacun de mes proches, disparaissait.
Le lendemain, nous arrivions plus tôt que d’habitude à la clinique pour être présente lorsque le docteur passerait. Mon père n’était pas expressif, mais pas silencieux non plus, il faisait comme si de rien était et à ce moment-là, il m’impressionnait. D’autres personnes seraient effondrées ou en pleurs, auraient une réaction normale quant à la nouvelle énorme qu’ils viennent d’apprendre, mais pour lui, c’était le calme plat.
Lorsque le docteur entra, il se contenta de dire que le cancer était assez avancé et que d’autres examens et traitements seraient prévus par la suite. Ma mère insista pour qu’il soit suivi au centre spécialisé en cancérologie Oscar Lambret de Lille, là où elle a été suivie et guérie mais intérieurement je ne souhaitais pas qu’il aille là-bas, car les visites n’auraient été que ponctuelles s’il se trouvait à plus de quarante kilomètres, alors que moi je voulais continuer de le voir tous les jours et encore plus maintenant que je savais que je pouvais le perdre. Je pense qu’il raisonna comme moi, que ça serait dur pour lui de se retrouver seul un jour sur deux voire trois. Il décida donc de continuer ses soins dans cette clinique.
La modération de ses sentiments et la décontraction qui se dégageaient de mon père me fascinaient. Cet homme ne vacilla pas. Il accueillit la terrible sentence les bras croisés, une main caressant le coin externe de sa moustache alors que nous, intérieurement, nous étions dévastées. Avec la pudeur légendaire de notre famille, nous ne parlions de rien concernant sa maladie. Tous ces non-dits sur nos craintes, nos doutes quant à l’issue de sa maladie nous suivrons jusqu’au dernier jour.
Plutôt que de s’attarder sur la dure évidence que des tumeurs et métastases dévastatrices déracinent et envahissent le chemin de sa vie, il décida dès ce jour, de se battre envers et contre tout. L’annonce d’une maladie grave est un coup-de-poing, elle brusque, bouleverse et déconcerte. Rien n’y prépare, rien n’en protège.
C’est dans ces durs moments que l’on se rend compte que la vie est précaire et que l’on ne signe pas pour un contrat à durée indéterminée à la naissance. Le combat commençait et à partir de ce moment, ce fut toutes nos vies qui ne tournaient plus qu’autour de la sienne.
J’ai souvent repensé à une question que le médecin a posée à mon père :
– Êtes-vous entouré ?
Mon père, sans hésiter, a répondu qu’il n’y avait aucun souci de ce côté-là.
Souvent, le sentiment profond de solitude peut s’accroître avec la maladie mais pour lui, ça a été tout le contraire. Il était entouré et aimé. Il ne s’est jamais senti abandonné, même si la peur de mourir, il l’a vécue seul et en conséquence, il s’est bâti une garde rapprochée, il était protégé par sa famille.
Il donnait le surnom de colonel à ma mère. Il avait raison, elle gérait tout, pensait à tous, et tout était toujours parfaitement orchestré. J’étais fière d’être l’un de leurs soldats ! Maman a géré tout ça d’une manière exemplaire et héroïque. Jusqu’à la fin, elle aura été à ses côtés pour l’épauler, jour et nuit. Je me demande comment elle a pu gérer tout ça.
Ma mère est un roc, un roseau qui ne rompt pas. Elle a été l’un des héros du quotidien de mon père. Sans elle, il n’aurait pas tenu aussi longtemps, c’est certain. Il savait qu’il pouvait compter et se reposer sur elle à tout moment.
Notre famille était organisée. Ma mère occupait la place de tête pensante, ma sœur, Delphine, gérait le côté administratif, assurance, sécurité sociale, CAF, pôle emploi… Tout ça n’a aucun secret pour elle. Mon frère, Didier, habitant plus loin que nous et travaillant, était moins présent au quotidien, mais faisait tout son possible pour être là pour mes parents.
Moi, j’étais son chauffeur personnel. S’il devait se rendre à un rendez-vous, pour aller en course, pour les séances de chimiothérapie, prise de sang, ou les voyages nocturnes aux urgences, c’est moi qui m’en occupais même s’il essayait de garder une certaine autonomie le plus longtemps possible.
J’essayais aussi de le distraire au maximum. Rebrancher les vieilles consoles pour que l’on puisse passer du temps supplémentaire avec lui, aller au cinéma ou simplement regarder la télévision. J’étais avide de moments en sa compagnie.
De ce point de vue, le cancer apparaît comme une épreuve difficile et solitaire, car en plus de la souffrance physique et de la fatigue qui commençait à s’installer, son corps avait déjà changé, sa force oscillait et s’atrophiait, mais malgré tout son désir irrésistible de vivre prenait le dessus. Il a toujours été un bon vivant, gros fumeur, bon mangeur, ne disant jamais non à un verre de vin, il a tout arrêté du jour au lendemain voulant mettre toutes les chances de son côté.
Malgré toute son envie de vivre « comme avant », son quotidien s’est vu organisé d’une toute autre manière. Les visites chez les spécialistes se multipliaient, les semaines étaient remplies de protocoles médicaux, l’obligeant à modifier ses habitudes et diminuer ses...
Erscheint lt. Verlag | 31.5.2021 |
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Sprache | französisch |
Themenwelt | Literatur ► Biografien / Erfahrungsberichte |
ISBN-10 | 2-322-41462-X / 232241462X |
ISBN-13 | 978-2-322-41462-8 / 9782322414628 |
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Größe: 412 KB
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