Une nouvelle vision systémique pour soutenir la relation d'aide (eBook)
108 Seiten
Books on Demand (Verlag)
978-2-322-53414-2 (ISBN)
Françoise Mazuir est psychologue, thérapeute familiale, constellatrice et formatrice. Elle associe le corps à sa pratique thérapeutique depuis toujours et elle utilise la "mise en représentation" comme un outil d'intervention au service des familles et des personnes, mais aussi pour la compréhension des enjeux systémiques dans les institutions dans lesquelles elle intervient (protection de l'enfance, handicap, psychiatrie...)
PREMIÈRE PARTIE
Introduction : le défi de l’action sociale
Notre porte d’entrée pour ce voyage sera le monde de la protection de l’enfance. Car c’est en tant que psychologue dans une Maison d’Enfants que ma pratique a été confrontée à des injonctions bien difficiles à tenir : travailler avec les familles, alors qu’elles ne sont pas disponibles ; produire du changement alors que les familles n’ont rien demandé, que les parents sont absents, ou en opposition.
Comment résoudre et proposer des solutions innovantes à ces difficultés sur lesquelles le travail éducatif et psychologique se heurte de façon répétitive depuis que le travail avec les familles est une demande faite aux institutions.
Paradoxe de l’aide contrainte !
Ces difficultés sont aussi liées à des problématiques de plus en plus complexes : enfants venant de contextes familiaux éclatés, multi-recomposés, pas toujours contenants, souvent dans le déni ou la minimisation de la gravité des comportements symptomatiques ou dysfonctionnels. Les comportements désadaptés deviennent eux aussi de plus en plus complexes : hyperactivité, troubles du comportement, des apprentissages, de la personnalité, surutilisation des réseaux sociaux (pour le meilleur et pour le pire), difficulté de contrôle des pulsions et rapport conflictuel au cadre et à l’autorité ; autant d’éléments qui réinterrogent nos postures d’adultes et d’éducateurs.
Alors, comment travailler malgré tout avec le système familial, impulser du changement, sortir des ornières des répétitions comportementales qui s’imposent ?
Peut-être est-il temps d’oser de nouveaux paradigmes dans les prises en charge, temps d’oser changer le regard, à la fois sur les dynamiques familiales, leurs possibilités de changement et sur les moyens d’action, constatant les impasses et limites du possible d’aujourd’hui.
Je crois qu’il est temps de nous demander comment remettre du cœur et de l’ouverture dans notre regard, trop souvent rétréci par des contraintes administratives ou par notre difficulté à penser le changement. Pour cela, il faut recontacter notre propre cœur, notre propre motivation en tant que travailleurs sociaux. Allons-nous oser inventer et explorer des espaces d’action méconnus ? Enrichir notre regard sur les familles grâce à de nouveaux outils, comme la « mise en représentation » que nous développons ici ? Nous pouvons nous laisser « entrer en résonance » avec le champ des familles, au cœur même de ce qui les agite. Nous pouvons mieux tenir compte de ces puissantes influences qui s’imposent aux comportements, même lorsque les protagonistes voudraient pourtant changer, mais que l’appartenance et les loyautés familiales imposent des freins et des blocages.
Or tous les protagonistes de ces situations sont agis par des influences invisibles.
Les systèmes familiaux
Côté familles, le rapport aux éducateurs est le plus souvent coloré par une certaine idée de ce qui est possible ou non dans cette relation. Pas facile de sortir de l’asymétrie qui désigne les professionnels.les comment les « sachants », face à des familles qui devraient apprendre d’eux. La nature de ces relations favorise l’activation des mécanismes de défense, protection, projection, agressivité ou surcompensation. L’authenticité n’est pas toujours au rendez-vous ! Les professionnels.les connaissent les récits lénifiants que font certains parents des weekends en famille, en omettant de raconter les tensions ou les crises qui les ont aussi traversés (tensions qui existent aussi dans les lieux de placement). On pense aussi aux enjeux de compétence autour des habits, des soins, des repas, ou encore à ces parents qui deviennent trop gentils et passent tout à leurs enfants, comme pour prouver aux éducateurs qui les regardent qu’ils ne sont pas si méchants qu’on le dit !
Les systèmes familiaux sont aussi pris dans les fils invisibles qui sculptent les valeurs, les croyances, les attitudes et qui plongent de profondes racines dans le passé familial, plutôt que dans le présent de la rencontre autour des enfants et des difficultés qui motivent les interventions. Je veux parler là des influences transgénérationnelles, dont le poids sur les difficultés du présent freine les changements possibles, les remises en cause.
Dans son article, D. Houzel (2013) souligne cet aspect quand il dit : « La seconde composante dont je voudrais parler est celle liée à la transmission psychique entre les générations. Dans ce mode de transmission, des parties non intégrées du psychisme des grands-parents, voire d’ancêtres plus lointains, se trouvent projetées dans la relation entre le parent qui en est le dépositaire et l’enfant. Tout se passe comme si la relation parent-enfant se trouvait hypothéquée par ces projections. »
L’intervention directe avec les jeunes et leurs familles nous confronte aux limites de l’action possible lorsque ces projections agissent de façon cachée, avec des jeunes qui portent toujours ces loyautés, plus ou moins affichées, plus ou moins conscientes, aux valeurs et fonctionnements familiaux. L’existence d’une loyauté inconsciente toujours à l’œuvre nous invite à utiliser d’autres modes d’intervention capables d’ouvrir une fenêtre sur cette dimension invisible, dans le but de faciliter la mise en œuvre des transformations recherchées dans la relation entre l’enfant et ses parents.
Les systèmes d’intervention
Côté intervenants, nous pouvons aussi apprendre à repérer une autre influence invisible à nos yeux de professionnels.les : la manière dont l’action sociale elle-même a transformé les systèmes qu’elle accompagne, ce qu’elle a induit, sclérosé, le plus souvent à l’insu des travailleurs sociaux et malgré leur bonne volonté.
L’appartenance à certaines professions, à ce grand système de « l’aide sociale » implique également de se couler, souvent sans même le remarquer, dans certains moules de pensée, valeurs et croyances qui organisent notre action. Il nous faut bien aussi reconnaitre le poids de la contingence historique et temporelle, qui nous fait considérer comme allant de soi la justesse de certains comportements éducatifs, des valeurs qu’il est bon de transmettre, de ce que veut dire être adapté à la société etc.
Par exemple, l’évidence d’associer les parents à la réflexion sur un projet de prise en charge était encore une hérésie il y a vingt ans, époque où la croyance fondatrice de la profession était la nécessité de protéger les enfants en gardant autant que possible les parents en dehors des institutions.
Regardons aussi comment les publics originaires d’autres cultures viennent confronter notre rôle de « garant du modèle social dominant », autour de questions fondamentales : quels sont les modèles de famille adaptés, fonctionnels ? Comment définissons-nous la violence ou la maltraitance ? Qu’entendons-nous par responsabilité des parents ? Quelle est la bonne place des enfants ? Je me rappelle cette éducatrice africaine, qui nous disait qu’élever un enfant peut se faire aussi avec les oncles et tantes, les voisins et la communauté tout entière. Tous prennent en charge la responsabilité d’être adultes face aux enfants et alors les défaillances parentales ne sont plus forcément les blessures insurmontables que nous imaginons dans notre modèle éducatif.
Un autre exemple, lié à la différence de représentation et de tolérance face aux écrans en tout genre, selon la génération à laquelle on appartient. Motifs d’enjeux éducatifs omniprésents, les exigences quant à leur utilisation peuvent grandement varier d’une famille à l’autre et même au sein d’une équipe selon que l’on est soi-même utilisateur de réseaux sociaux, grand consommateur de médias ou tout à fait récalcitrant à cette forme de communication !
Ces a priori invisibles se glissent dans de nombreux interstices de notre action. À propos de ceux qui façonnent nos représentations de genre et sur les violences sexistes dans les institutions, Célia Carpaye (2022) écrit : « (Il s’agit de) reconnaitre par exemple, que dans les lignes d’un écrit professionnel, dans l’échange hâtif qui a lieu entre deux portes, dans les...
Erscheint lt. Verlag | 25.10.2024 |
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Sprache | französisch |
Themenwelt | Geisteswissenschaften ► Psychologie ► Allgemeines / Lexika |
Schlagworte | constellations familiales et transgénérationnelles • Le pas de côté dans la posture professionnelle • Les principes systémiques • Pensée systémique dans le champ de la relation d'aide • secteur social et médicosocial |
ISBN-10 | 2-322-53414-5 / 2322534145 |
ISBN-13 | 978-2-322-53414-2 / 9782322534142 |
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Größe: 309 KB
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