Maniiu et la mythologie protozoroastrienne

Dieux et déesses aniconiques, abstraits, souvent anonymes, imbriqués les
uns dans les autres, impliqués dans les rouages d'un rite méconnu, tel est
le monde mythologique d'un Zarathushtra des origines, lorsque l'auteur des
Cantates vieil-avestiques disait encore «lui et moi». Toutes les
péripéties mythiques sont techniques, dictées par la haute idée que le
poète se fait du grand dieu Ahura Mazda. Avec la certitude que le Roi vêtu
du ciel a dispensé la connaissance à Zarathushtra, le poète officiant
développe le Maniiu, l'idée, le sentiment, la conviction que, pour
retrouver au-delà de la mort la vache qui a pu le nourrir, la science
divine lui sera bien utile. En effet, elle régit la façon de conjuguer
toutes les pièces, concrètes et abstraites, de la célébration cultuelle,
un insaisissable complexe dont l'harmonieuse réussite portant le nom d'Asa
donnera à la divinité les moyens de jouer son rôle.