Nouâtre triathlon, 40 ans de passion (eBook)

Les premiers pas

Introduction

Depuis l’océan Pacifique et son archipel d’Hawaii... Jusqu’en France, et ses bords de la Vienne, à Nouâtre…

Le triathlon, son histoire :

En France, vers 1920, apparaissent les prémices de sports enchaînés dont la natation. C’est à Joinville le Pont sur les bords de la Marne que se tiennent les dimanches d’été des épreuves dénommées « les trois sports ».

Plus tard, en 1934, à La Rochelle : traversée du chenal, 200 mètres à la nage, suivi de 10 kilomètres de vélo du port au parc de Laleu, pour terminer par 1 200 mètres de course à pied sur le stade André Barbeau, constituent un enchainement des trois disciplines tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Au début des années quarante, à Poissy en région parisienne s’organisent des épreuves appelées : « course des débrouillards » puis des « course des touche à tout », le tout se déroulera dans le plus total anonymat, et donc, sans suite.

Il faudra attendre 1974, aux États-Unis près de San Diégo en Californie, pour voir se dérouler un triathlon « moderne », une course dans l’ordre de : 8 kilomètres de course à pied, 8 kilomètres de vélo et 450 mètres de natation.

Et c’est quelques années plus tard, le 18 février 1978, qu’eut lieu le premier triathlon qui aura la suite que nous connaissons à ce jour. À Honolulu, dans l’océan Pacifique, archipel d’Hawaii.

L’idée est venue de John Collins, capitaine de vaisseau (vétéran) de l'US Navy, qui proposa d'enchaîner trois épreuves parmi les plus dures d'Hawaii : la Waikiki Rough Water Swim (3,824 km de natation), l'Around Oahu Bike Race (179 km de vélo) et le marathon d’Honolulu (42,195 km de course à pied). En regroupant ces trois épreuves, le défi était alors de savoir quels athlètes seraient les plus forts : les nageurs, les cyclistes ou les coureurs à pied… Ils furent quinze à prendre le départ, dont John Collins.

Le premier, Gordon Haller, un chauffeur de taxi, franchit la ligne d’arrivée en 11h46 minutes, ce sera lui le premier « Ironman » (homme de fer), douze termineront l’épreuve qui sera reconduite les années suivantes.

Deux ans plus tard en 1980, la chaîne de télévision américaine ABC filmera l’événement, lui apportant ainsi une reconnaissance mondiale. En 1981, la participation s’étant nettement accrue, pour des raisons de logistique, la course fut transférée sur Big Island à Kailua Kona, là où la finale se déroule encore de nos jours, tous les ans le deuxième samedi d’octobre.

Dès 1981, le triathlon traverse l’Atlantique pour débarquer en Allemagne, Pays-Bas et Belgique. En 1982, il arrive en France, sur la côte d’Azur à Nice, et les images télévisées par la chaîne « Antenne 2 » révèlent ce sport au public français.

En 1984, de nouvelles épreuves voient le jour en France. En plus de Nice, ce sera notamment à Embrun dans les Hautes-Alpes mais aussi dans un tout petit village du Sud Touraine sur les bords de la Vienne : Nouâtre.

Voici donc comment, en ayant traversé une partie du Pacifique, le continent Nord-Américain et tout l’Atlantique, le triathlon est parti d’Hawaii pour arriver à Nouâtre sur les bords de Vienne. Aujourd’hui, Nice, Embrun et Nouâtre sont les trois plus vielles épreuves de France, et ce, sans aucune interruption depuis leur création, hormis 2020 et 2021 à cause de la crise sanitaire de la Covid 2019.

Nouâtre, son histoire :

Un peu de culture locale : Nouâtre, petit village du sud Touraine, département de l’Indre-et-Loire dans le canton de Ste Maure de Touraine. Ste Maure de Touraine est d’ailleurs mondialement connue pour son fameux fromage de chèvre, celui qui a une paille dans son milieu et qui se fête traditionnellement tous les ans le premier week-end de juin avec la culturelle « foire aux fromages » ! À ce propos, contrairement à tout ce qui circule, la fameuse paille est une tradition ancestrale et son utilité contribue uniquement à une meilleure tenue du fromage, notamment quand celui-ci est tout frais. Voilà, là-dessus, vous savez tout, et on ne va pas en faire un fro… !

Nouâtre, géographiquement, se situe environ à michemin entre Tours et Poitiers, entre « Futuroscope » et « Châteaux de la Loire », en rive de l’axe Paris-Bordeaux sur les bords de la rivière « la Vienne ». Sa population, recensée en 2012, fait état de 869 habitants (source Wikipédia), ce qui fait dire depuis quelques années que, lors de la journée du triathlon une fois par an le dernier samedi de juin, rien qu’avec les compétiteurs inscrits sur les deux courses du matin et de l’après-midi, cette population voit son chiffre doubler en cette seule journée ! Heureusement que le triathlon de Paris (par exemple) ne peut pas en dire autant…

Malgré sa faible population, Nouâtre a toujours connu un certain dynamisme, entretenu notamment par son camp militaire, présent depuis 1940. Aujourd’hui occupé par une très large majorité de civils, ce camp continue à procurer un attrait certain sur ce territoire quelque peu à l’écart des grosses agglomérations tourangelles et poitevines. À l’inverse de bon nombre de communes rurales, Nouâtre peut s’enorgueillir de posséder une épicerie, boucherie-charcuterie, bar tabac, restaurant, pharmacie, services médicaux et même un collège. À cela s’ajoute un nombre important d’associations actives qui entretiennent également une activité non négligeable auprès de la population locale.

Il va de soi que, depuis 1984, la plus grosse manifestation dans la commune et dans ses environs est l’épreuve de triathlon qui se tient le dernier samedi de juin. C’est alors toute une commune et celles alentours qui se mettent à vibrer, à se surpasser via leurs bénévoles afin de faire vivre et entretenir cette passion depuis maintenant plus de 35 ans. À propos de villages alentours, on ne peut parler de Nouâtre et de son triathlon sans avoir une pensée particulière pour le village voisin de Maillé, village martyr le 25 août 1944 pendant la deuxième guerre mondiale où ce jour, 124 de ses 500 habitants furent massacrés. Maillé sera d’ailleurs pendant près de trente ans sur le parcours course à pied, abandonné au profit des deux boucles actuelles depuis seulement 2014.

Le triathlon à Nouâtre, c’est donc une véritable institution, une culture locale, nul ne peut y échapper tellement l’engouement est fort, c’est la fête du village format XXL version sport et diverses festivités !

Les campings, chambres d’hôtes, gîtes, hôtels et divers hébergements dans la région sont alors pris d’assaut afin de loger bon nombre de triathlètes et accompagnants qui, venant d’un peu partout, en profitent pour passer un week-end sportif dans la campagne tourangelle.

D’ailleurs, entre autre, un clin d’œil particulier au club de la région parisienne « Le Pré St Gervais » et à son chef de file Jean-Marc Tora qui, depuis des années, fait de Nouâtre sa sortie club annuelle. Il n’est pas rare de voir près d’une quarantaine de « jaune et noir » (compétiteurs, famille et amis) débarquer « chez nous » sur les bords de Vienne pour à la fois concourir sur les deux épreuves, et faire la fête pendant tout le weekend. C’est aussi ça le triathlon à Nouâtre, savoir conjuguer sport et esprit festif !

Samedi 25 août 1984 : le premier triathlon :

Le ciel est couvert et la température bien fraîche en ce dernier samedi d’août sur les bords de la Vienne. Cela n’a pourtant pas rebuté les 31 partants (sur 38 inscrits) de cette première édition à être prêts à en découdre sportivement sur les 2 000 mètres de natation (descente de la Vienne), 57 kilomètres de vélo et 10,8 kilomètres de course à pied proposés.

Le départ (natation) se fait au lieu-dit Noyers, là où il se fait encore de nos jours, environ 2 km en amont de...