Préface

Le troisième volume de la série on Law and Mental Health: International Perspectives paraît à une époque où la recherche et les publications des universitaires cherchent de plus en plus à répondre aux besoins du nombre croissant d’experts de différents pays qui oeuvrent dans le domaine du droit et de la psychiatrie. L’Académie internationale de droit et de santé mentale a, depuis la publication du deuxième volume, organisé en collaboration avec l’Australian Institute of Criminology, le premier congrés de droit et de psychiatrie pour la région du Pacifique à Canberra elle a aussi présenté au Japon, en collaboration avec différentes organisations nationales et l’association récemment fondée de droit et de santé mentale en Kyoto, une conférence internationale qui a connu un grand succès. Comme l’a montré l’enquête de Gordon et de Verdun-Jones sur les tendances du droit de la santé mentale dans le Commonwealth britannique, publiée dans le deuxième volume, nous voyons apparaître de la jurisprudence et de nouveaux types de législation qui correspondent aux exigences particulières des multiples régions culturelles et géographiques. Du fait de la demande de plus en plus marquée de recherche et d’analyses comparatives en droit et en sciences sociales dans le monde entier, le troisième volume arrive à un moment propice, et il ne manquera pas d’intéresser le public diversifié que nous desservons.

Le premier chapitre est le fruit d’un projet mené par le doyen de la psychiatrie légal aux Pays-Bas, le professeur émérite Michael Zeegers, et sa fidèle collaboratrice, Dr. J. Krul-Steketee. Il s’agit d’une grande réalisation tant pour la psychiatrie légale de Hollande que pour nos lecteurs anglophones. Dans ce chapitre, les experts les plus reconnus dans tous les principaux domaines de la psychiatrie légale hollandaise ont fait ensemble le point sur les connaissances théoriques et la pratique actuelle, et nous montrent, grâce à des séries de catégories bien structurées, les travaux des experts hollandais depuis le dix-neuvième siècle. Du fait du caractère d’État-providence très marqué de la communauté néerlandaise et de son libéralisme traditionnel, celle-ci mérite un examen approfondi. Pendant de nombreuses décennies, les spécialistes de psychiatrie légale ont collaboré dans un effort pluridisciplinaire avec les pouvoirs publics afin de promouvoir des idéaux de réadaptation sociale pour les criminels atteints de maladie mentale, et de concevoir des mécanismes juridiques équitables pour permettre un jour la mise en liberté de ce secteur de la population. Récemment, la Hollande a connu une grande controverse à propos du conflit entre le paternalisme social et la concept libéral d’auto-détermination, deux tendances qui ont inspiré différents types de réforme du droit et du traitement en psychiatrie légale.

Le chapitre I renferme un inventaire exhaustif, pour la première fois en langue anglaise, des meilleurs établissements de soins de la Hollande qui ont retenu l’attention des visiteurs depuis la Deuxième guerre mondiale. Les contacts avec les autres établissements seront encouragés afin de mieux comprendre les modèles existants pour soigner les patients acquittés pour cause d’aliénation mentale. Le chapitre hollandais traite aussi des dimensions civiles du système de la psychiatrie légale et, là aussi, les experts souhaiteront évaluer de façon critique le degré de conformité des initiatives hollandaises avec les orientations d’autres juridictions aussi progressistes. Enfin, l’expérience menée aux Pays-Bas devrait autant mettre en évidence la force et les faiblesses de l’évolution juridique dans des sociétés où le droit de la santé mentale est un domaine de pionniers.

Les autres chapitres de ce volume sont consacrés à des questions essentielles dans des domaines où l’intérêt du public est particulièrement vif et pour lesquelles les spécialistes de psychiatrie légale ont besoin d’études complètes qui leur donnent l’état des connaissances actuelles. Le chapitre du professeur Grant Wardlaw sur la psychologie du terrorisme politique se situe dans la ligne de son célèbre ouvrage sur la sujet, publié en 1982 par Cambridge University Press. M. Wardlaw est l’un des principaux chercheurs du National Institute of Criminology en Australie; il a fait une évaluation très pondérée des limites de nos connaissances sur le phénomène du terrorisme politique et sur les terroristes eux-mêmes. Sans accepter une explication unique de la psychopathologie du terroriste type, l’auteur résume les différentes théories existantes sur ce point. Il montre que les principales variables tiennent à des considérations sociales, politiques, religieuses et économiques et, lorsqu’elles sont combinées aux facteurs extrêmement complexes qui tiennent à la prédisposition psychologique, elles nous aident à cerner nos connaissances, et leurs limites, en ce qui concerne la prévision des actes terroristes et les réactions qu’ils entraînent. Cette véritable plaie sociale cause toujours beaucoup d’angoisse individuelle et collective dans tout le monde civiliseé.

L’étude tout à fait d’actualité du professeur Wardlaw nous invite à approfondir la dynamique des groupes de terroristes, notamment l’impact psychologique du terrorisme sur certaines populations. Cette démarche permettra aux décideurs et aux planificateurs de stratégies de concevoir, selon les normes actuelles les plus strictes, des réactions mieux adaptées aux actes terroristes.

Le chapitre de Thomas Grisso sur l’évaluation psychologique dans la décision judiciaire vient compléter admirablement le chapitre précédemment écrit par le Dr Thomas Gutheil sur les évaluations psychiatriques dans cette série. Le recensement méticuleux des techniques d’évaluation que présente le professeur Grisso pour les différents domaines du droit, qu’il s’agisse du droit criminel, du droit civil et du droit de la famille, constitue une oeuvre essentielle pour la formation professionnelle dans ce domaine particulièrement technique. Comme le fait remarquer l’auteur avec raison, l’évaluation en psychologie légale est seulement depuis peu une discipline en soi, qui se différencie des travaux traditionnels dans l’évaluation psychologique clinique. Il est extrêmement important que les spécialistes de psychiatrie légale se familiarisent avec la gamme des techniques existantes et qu’ils soient aussi informés de la recherche en matière de tests. À l’avenir, de nouveaux besoins s’imposeront et l’évolution inévitable de notre attitude envers les réformes juridiques au sein du système de psychiatrie légale nous contraindra à faire des évaluations et des recherches plus précises pour mesurer l’efficacité des critères et des méthodes de ces interventions. L’étude du professeur Grisso est tout à fait remarquable puisqu’elle offre, tant au spécialiste qu’au profane, un exposé très bien structuré grâce auquel ils pourront mieux connaître cet aspect de plus en plus important dans la profession.

Le processus de l’évaluation en psychiatrie légale touche évidemment tous les aspects de la profession, dans les secteurs civil et criminel. Par conséquent, les chapitres qui suivent sur la prévision clinique de la dangerosité et l’évaluation de la stimulation de maladie dans un contexte de psychiatrie légale traitent de questions qui méritent d’être approfondies à l’heure actuelle. Avec leur contribution sur la question, les professeurs Webster et Menzies méritent une place de choix dans la recherche encyclopédique pour leur évaluation très raffinée des conditions de connaissance de la nature des comportements dangereux.

Il n’est pas rare d’entendre douter de la capacité des spécialistes de la psychiatrie légale de faire de bonnes évaluations sur la dangerosité potentielle dans certains groupes. Les auteurs se refusent à nier tout espoir de corriger cette lacune. Tout en s’inclinant devant la qualité des données de psychiatrie légale qui...