Carla Serena : seule dans le Caucase : aventurière ou espionne ?

Carla Serena, seule dans le Caucase

Victor Hugo à Carla Serena

« Vos récits, Madame, m'ont singulièrement intéressé. Parmi les voyageuses utiles et vaillantes de ce siècle, une voyageuse sera comptée ; ce sera vous. L'avenir vous rendra l'hommage que je vous rends aujourd'hui. »

Au cours de la seconde moitié du XIX^e siècle, Carla Serena effectua un périple de plusieurs années qui la mena d'Angleterre au Caucase en passant par la Scandinavie, l'Égypte, la Syrie, la Turquie, la Terre sainte, le Liban, la Grèce puis la Perse...

Cette aventurière résolument féministe, qui quitta mari et enfants pour un voyage qui dura cinq années, laissa un journal fourni, étudiant avec le regard aiguisé d'une scientifique les moeurs et coutumes des habitants de ces pays lointains.

Personnalité attachante et exceptionnelle, elle fut reçue par le roi de Suède, le tsar de Russie, le shah de Perse... mais partagea aussi le quotidien d'un postillon, celui d'un geôlier tatar, d'une caravane d'Armémiens, manqua de se faire détrousser et égorger par des guides peu scrupuleux, traversa des pays en guerre, risqua la prison...

Dans son livre, Daniela Pizzagalli nous fait découvrir ces passionnants récits de voyage, et tente aussi d'élucider la raison pour laquelle cette femme de 53 ans, épouse d'un entrepreneur vénitien aisé, entreprit seule une telle aventure ; elle en conclut que Carla Serena aurait effectué une mission de renseignements pour le compte de l'Angleterre, dans le cadre de la rivalité entre l'Empire russe et l'Empire britannique.